Hurlements est souvent considéré comme un classique de Joe Dante, mais il faut reconnaitre que le film en lui-même est assez moyen, et que le temps ne l’a pas vraiment arrangé, à la différence d’autres films du réalisateur.
Bon, l’interprétation est solide. On retrouve notamment une habituée du cinéma de genre et particulièrement du cinéma d’horreur en la personne de Dee Wallace. Là elle est un peu dans l’un des rôles qui l’a révélé, et comme souvent elle joue juste et avec conviction. Elle est plutôt bien entourée, avec quelques acteurs comme Christopher Stone (un poil fade néanmoins), et surtout de grands noms : John Carradine, Patrick McNee (dans un rôle bien différent de Chapeau melon et bottes de cuir, qu’il joue avec justesse même s’il n’est peut-être pas assez machiavélique), ou encore Kevin McCarthy. Dans l’ensemble je ne dirai pas qu’en tenant compte des attentes qui pouvait reposer sur certains acteurs le résultat soit totalement convaincant. Néanmoins ils assurent suffisamment pour ne pas créer d’impression de raté.
Le scénario est plutôt plaisant. Il est construit de manière originale, notamment avec cette cassure scénaristique culottée dans sa première moitié. Ensuite il installe un suspens intriguant, qu’il révèle assez vite pour donner lieu ensuite à un film fantastique plus classique. Dans l’ensemble Hurlements a apporté indéniablement une pierre originale au cinéma de loup-garou, et on peut dire que Dante c’est bougé pour sortir des sentiers battus. Maintenant, Hurlements souffre d’un rythme assez morne, voir terne par moment. C’est sans doute du au budget très limité de la production, qui n’a pas permis à Dante de faire tout ce qu’il voulait, mais c’est clair qu’il ne faut pas être trop sourcilleux sur la question du dynamisme pour regarder Hurlements. Bonne conclusion par ailleurs.
Visuellement, Dante arrive assez bien à contourner ses limites financières. Sa mise en scène est cependant encore hésitante. On sent que le réalisateur est à ses débuts, et tout comme dans Piranha il y a pas mal de fixité dans les plans, des cadrages pas toujours parfaits, ou alors rendu volontairement imparfait pour cacher justement le manque de budget. Il y a un peu une impression d’archaïsme. Maintenant Hurlements se rattrape un peu sur sa photographie (quelques plans nocturnes un peu sombres cependant), et possède des décors tout à fait suffisamment pour être crédible. Je note aussi un excellent travail sur les effets spéciaux. Il est d’ailleurs dommage que ceux-ci ne soient pas plus nombreux. Il y a notamment une transformation de loup-garou qui ne donne vraiment pas envie d’en être car elle est assez horrible ! D’ailleurs, même si Hurlements n’est pas horrifique, l’ambiance est sombre, il y a des passages un peu « crade » pour un public sensible, et il ne faut surtout pas se croire dans un Gremlins. Enfin la bande son de Pino Donaggio est très plaisante. Dommage qu’elle donne le sentiment d’être un peu sous-exploité.
En conclusion, Hurlements n’est pas un mauvais film, mais il est certain qu’il a trois handicaps, qui, conjugués, le retienne quand même comme un film mineur : un tout petit budget d’abord qui a clairement restreint les ambitions du réalisateur, le fait qu’il soit une des premières réalisations de Dante, lequel n’est pas encore en pleine possession de ses moyens, et enfin le fait que l’âge ne lui a pas vraiment rendu service. Curieusement, en dehors de quelques éléments (notamment la transformation que je citais plus haut), il s’est un peu « ringardisé », et cela accentue clairement certains défauts. Reste que Hurlements est un incontournable pour les amateurs de films de monstre, et a joué un rôle tout de même important dans l’histoire du cinéma fantastique qui oblige à un visionnage.