Un film de loup-garou qui n'en est absolument pas un. Mais plutôt un thriller policier, anxiogène et timidement gore. Et qui se termine par une pirouette "magique" et poétique. Un film prétexte, clairement à but politique. Pour une des dernières dénonciations cinématographiques à cheveux long. Dénonciation de l'argent roi des grandes multinationales, corrupteur et destructeur. Qui a mis à la rue, tant de laissé-pour-compte social, sur son passage ravageur. Et qui allait devenir un des grands symboles des 80s, de l'exploitation à outrance des ressources terrestres et humaines. Une dénonciation du fanatisme conservateur, colonialiste et religieux. Socle fasciste et sécuritaire, sur lequel s'est pourtant bâtit ce grand pays de liberté. Et qui a aussi été la cause de tant de souffrances, et d'injustices criminelles. Et surtout, une dénonciation du consumérisme aveugle, et du matérialisme inhumain de cette période. D'où commençait enfin a émerger, une vrai conscience écologique collective et active. Qui peine encore de nos jours, à faire suffisamment entendre sa voix, pour faire évoluer ce monde, vers un avenir moins sombre....
Bref, tout un sous texte édicté de manière limpide. Assez new age et cohérent. Par un authentique membre engagé, de la contre culture hippie américaine. D'ailleurs toujours actif à notre époque. Et fidèle à cet idéal de prise de conscience morale, typique des mouvements sociaux des années 60/70. Et à qui pourtant, à l'image de son héros dans le film, la fin des 70s disait qu'il était temps, d'enlever son headband sans faire de vague. Et de se couper les cheveux, pour enfin rentrer dans le rang. Et dans cette nouvelle décennie qui commençait. Un discours social et sociétal, réfractaire au conformisme moutonnier. Qui prend rapidement le pas, sur la simple forme de divertissement puéril. Pour la pervertir en véritable film conscient et mature. Et ça, pour un film d'horreur, c'était plutôt très original à cette époque...
Certes, avec un résultat cinématographique, plutôt longuet et mou du genou. Et trop souvent décousu et illogique. En dépit de plans séquences grandioses. Par moment, d'un sens aigu du montage captivant. Et d'effet de mise en scène parfaitement remarquables. Ainsi que d'une partition musicale, aussi juste que belle. Et d'un casting de 2 ou 3 bonnes têtes familières, que l'on prend toujours plaisir à retrouver. Un premier film( de fiction )qui, malgré de joli morceaux de dialogue et quelques punchline, est plutôt maladroit en écriture. Mais pourtant très beau et terriblement attachant. Premier film d'un un talentueux chef opérateur, que je ne connaissais absolument pas en tant que cinéaste. Et qui n'est visiblement pas la moitié d'un manche. Film qui restera malheureusement unique. Michael Wadleigh ayant décidé, qu'il avait mieux à faire de son temps de passage en ce monde, que de le louer à l'industrie du cinéma. Au lieu de l'utiliser à lutter pour défendre la planète, et la sauvegarde de son environnement...
On peut dire tout ce qu'on veut, sur ce film aussi bancale et novice, que spirituel et virtuose. Mais personne ne pourra honnêtement renier, la beauté fascinante de ses images en 2.39:1. Que ce soit par sa splendeur ou sa laideur, j'ai toujours pensé que New-York, est la ville la plus cinégénique au monde. Et ce film, à la photographie et aux cadrages sublimes, en est l'une des meilleures démonstrations, que j'ai vu de toute ma vie. Qui plus est, si vous êtes comme moi, très sensible à ce New-York vétuste et punk des années 70. à son décor légendaire de "bombardement" du South Bronx. Ce no man's land sauvage, en ruine et en voie de disparition. Ainsi qu'au World Trade Center encore presque flambant neuf, avec ses tours jumelles si majestueuses, dans cette lumière de soleil levant. Et que dire, ne serait-ce que de cette superbe séquence d'ouverture, du haut du pont de Brookyn( Je pense ). Sinon que l'on ne peut être que soufflé, par la magnificence de ce panorama du passé. Et d'où on peut admirer un des plus beaux visages, de la véritable star de Wolfen : La ville de New-York, et sa démesure architecturale quasi mythique...