Jay Roach ne s’est jamais distingué pour son talent. Sur la quinzaine de comédies qu’il a réalisées, aucune ne casse trois pattes à un canard. Son remake de « Un Dîner De Cons » ne fait pas exception. Une étude comparative entre son film et l’original est indispensable pour mesurer les règles de ce qui fait un bon ou un mauvais remake. Règle numéro un, utiliser les bons points de l’original, Règle numéro deux : tenter d’améliorer ce qui pourrait apparaître comme des points faibles. En fait, le réalisateur Américain fait exactement le contraire de ce qu’il fallait faire. Veber avait ciblé l’action autour de seulement quelques personnages. Leur psychologie pouvait se mettre en place plus rapidement. Le spectateur pouvait alors s’identifier, comprendre mieux les agendas de chacun des intervenants. Roach, lui multiplie les intervenants, et du coup l’empathie éprouvée pour les personnages importants n’a vraiment le temps d’avoir lieu. En fait, elle se dissipe au fil des scènes à mesure que les nouveaux personnages entrent en action. En outre, le comique des gestes de Veber était subtil, et cela marchait parfaitement. Roach, lui, veut trop en faire. Il multiplie les gags qui fusent de partout. Si bien, qu’on fatigue vite. D’autant que beaucoup des gags en question sont lourdingues, et tombent presque tous à plat. Chez Veber, le dîner de cons n’a pas lieu, mais le nominé potentiel a 1000 fois l’occasion de prouver qu’il aurait eu la palme, si le « match » entre les cons avait bien eu lieu. Roach, par contre, semble trouver l’absence de ce match comme un « manque ». L'idée se défend. Sauf qu'il choisit de montrer l’affrontement, mais de manière potache, voire même puérile. Si bien que les scènes débouchent sur un résultat d'ensemble assez pitoyable. Et pour cause, l’Américain n'a pas semblé avoir compris vraiment le concept du «con» de l'intrigue. Le con est sélectionné, non parce qu’il est original, un « dreamer », comme Roach, le fait dire à son personnage, mais bel et bien parce qu’il est un gaffeur impénitent, quand bien même il veut dire ou faire des choses intelligentes. Or les cons représentés par Roach ne sont que des entertainers, certes, complètement frappés, mais aucun n’est vraiment «con». A éviter. A préférer voir ou revoir « Le Dîner De Cons», par Fancis Veber. Ne serait-ce que pour apprécier le talent magistral du regretté Villeret. Un talent face auquel celui de Steve Carell fait pâle figure.