Avec "Max et les Ferrailleurs", Claude Sautet se place dans la même perspective que le cinéma Jean-Pierre Melville : renouveler le film policier hexagonal. Les deux cinéastes utilisent l'intrigue policière comme un prétexte pour étudier la psychologie de personnages face au mal. Ils aiment à brouiller les frontières entre le bien et le mal, en montrant des gendarmes et des voleurs finalement pareils, avec chacun des moments de vertu et de vice. Max pourrait presque être un cousin de Jef Costello, le héros du "Samourai", dans sa froideur, sa solitude, son apparent détachement au monde. La différence, cependant, c'est que si Melville cherche à faire monter ses personnages vers une dimension plus tragique, plus mythologique, Sautet tente plutôt de les faire descendre vers la vie la plus concrète et authentique. Sautet ne pourrait pas nommer son film "Le Samourai" ou "L'armée des ombres" ; au contraire, il semble renvoyer au plus simple, au plus quotidien avec le héros nommé "Max", un prénom ordinaire, un monsieur tout-le-monde. Personnellement, j'aurais même préféré que le film s'intitule "Max et Lily", car cette relation me semble bien plus intéressante que celle entre Max et la bande de ferrailleurs. Max, le policier froid, machiavélique, et Lily, la prostituée libre et fatale. Deux beaux personnages de cinéma, et une alchimie parfaite entre Michel Piccoli et Romy Schneider. Toutes les meilleures scènes du film sont celles qu'ils partagent : une séance de photo dans un bain, une scène d'amour, une scène de confession au café. J'ai l'impression que Sautet se repose quand même un peu trop sur son scénario et ses comédiens, mais cela ne gâche pas le plaisir de voir ce drame humain, cette intrigue policière et tragique assez marquante, et surtout, la rencontre au sommet Piccoli/Schneider.