Laurent Baffie a porté ce projet à bout de bras. L'ayant réalisé, écrit, interprété, et produit entièrement avec son argent, il avait, au moment de la sortie, abondamment misé sur le côté navet du film, fauché peut-être. Il faut croire que le slogan du film : n'y allez pas, c'est une merde !, a finalement un peu trop bien fonctionné auprès des spectateurs puisque le film a bidé en salles n'enregistrant que 100 000 entrées. Alors est-ce véritablement un navet ou au contraire un film génial ? Eh bien, je dirais un peu des deux. Explications. Le film commence par de vraies/fausses interviews de quelques producteurs français les plus puissants. On y croise Gassot, Terzian, Berri, Farrugia qui donnent chacun à Baffie leurs points de vue sur le scénario finissant immanquablement à la poubelle. Le film coûterait 23 millions de francs, ce qui est considéré comme trop cher. Déjà, première question que l'on se pose. 23 millions de francs = 3,5 millions d'€ à peu près, on va pas chipoter. Moi, je ne trouve pas ça cher du tout, vu toutes les merdes qui peuvent sortir tous les mercredis à 10 ou 15 millions d'€. Ensuite Baffie passe en revue tout le cinéma français qui aurait refusé de jouer dans son film, trop d'acteurs pour tous les citer. Ce qui pousse donc Baffie et son pote Daniel Russo à tourner avec une équipe réduite tant bien que mal en utilisant des procédés souvent issus du cartoon ou de la BD pour masquer le côté fauché du film. Un mec qui perd ses clefs de bagnole et qui les retrouve dans la poche de son pantalon n'est qu'un prétexte pour se moquer du processus de création d'un film. Et c'est comme ça pendant 1h30. On se moque du cinéma, de ses codes, on fait même jouer un fromager à Gérard Depardieu ou un vendeur de chiens à Alain Chabat. En revanche, tout le cynisme et l'insolence dont Baffie faisait preuve à la télévision chez Ardisson ou dans ses caméras cachées ont disparu. C'est peut-être pour ça que le film n'a pas marché. Je salue l'audace dont a fait preuve Baffie, garçon sympathique qui y a mis tout son cœur pour se retrouver endetté jusqu'au cou après. Une audace trop rare dans le cinéma français. Mais je regrette que les moyens n'aient pas forcément suivi derrière. En clair, Les Clefs de bagnole n'est peut-être pas un film représentant l'humour de Laurent Baffie et ça c'est dommage.