Le lyrisme gothique de Tim Burton a de nouveau frappé ! Imaginant un Londres dévasté, semblant sortir de guerre, le génie de l'image, celui dont il est si difficile différencier photographie et images de synthèses, nous propulse dans un univers morbide, à l'image crépusculaire d'un charme dévastateur, où Johnny Depp, son frère de l'âme et sa muse Helena Bonham Carter prennent place pour se retrouver en haut de l'affiche !
La vengeance est un plat qui se mange froid et Tim Burton l'a bien compris ! Embarqué par le regard vengeur de Johnny Depp, qui a de la rage à revendre, le caméra est emportée dans une folie meurtrière, rythmée par une musique endiablée où l'orchestration prend toute sa mesure ! Oui vous avez compris, 18 ans après « Cry Baby » qui succédait à l'époque « 21 Jump Street », Johnny Depp, musicien d'origine, repousse la chansonnette pour notre plus grand plaisir, afin de crier sa revanche, celle qui se veut la plus noire possible, avec cet esthétisme qui n'existe que chez Tim Burton, pour la simple et bonne raison, que son univers est si personnel, qu'il se reconnaît parmi tant d'autres et s'apprécie pour sa juste valeur ! Il y a aussi cet art de tomber dans le gore, en le rendant accessible à un plus large public, grâce à une image si travaillée, glauque, mais très chaleureuse, qui atténue l'effet répulsif pour privilégier le côté artistique. N'oublions pas non plus cette exigence de Tim Burton a vouloir surprendre le spectateur, l'arrachant subitement de cet univers sombre afin de le conduire ponctuellement, avec ce qu'il faut de féerie, dans un univers si étranger au contexte d'origine, aux couleurs et costumes d'une beauté relevant de l'ineffable, où le spectateur ému par tant de beauté, palpe toute la force créatrice de ce réalisateur hors paire, si désireux de mettre la barre haute et faire rêver encore et encore, là ou on ne l'attend pas forcément.
Le plus spectaculaire et admirable finalement, est cette capacité à partir d'une intrigue simplette, cette histoire de vengeance à première vue désuète et d'envoûter le spectateur grâce à cette inspiration qui ne s'épuise pas, ce casting parfait (avec notamment un Sacha « Borat » Baron Cohen, aux apparitions furtives, qui apporte cependant une dose d'originalité supplémentaire au film grâce à son jeu de rôle, et sa comique attitude inné, impeccable , se gravant dans les esprits), cette musique aux arrangements impressionnants et cette signature si personnelle . Difficile de ne pas admirer cette œuvre ...la seule raison pourrait être ce côté artiste absent en nous !