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David GEORGES
46 abonnés
113 critiques
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1,0
Publiée le 2 mai 2009
Avec cet ambitieux et complexe projet d’adapter à l’écran l’itinéraire du légendaire Che Guevara Soderbergh souhaitait mettre en avant l’abnégation sans failles d’un Che au service de la révolution dans sa lutte contre l’impérialisme nord-américain. De ce point de vue, le pari est plutôt réussi. On découvre ainsi un Che aux multiples talents et vocations, à la fois médecin et précepteur auprès des paysans et villageois ayant rallié la cause révolutionnaire. Diplomate et désintéressé, il gère avec flegme et intelligence les litiges et la formation des recrues, ce qui en fait un meneur d’hommes plus que fiable. Soderbergh prend également soin de rappeler le détail qu’était l’asthme chronique dont le Che souffrait. Guerrier et stratège militaire sur le terrain, il était également un orateur véhément comme l’atteste son intervention à la tribune de l’ONU que l’on voit en filigrane dans un noir et blanc très habilement filmé. Voici donc les bases intéressantes mais pas inconnues de la personnalité de cet icône intergénérationnel. Une description en apparence avantageuse cependant insuffisante pour permettre au spectateur de cerner plus globalement la nature même de son esprit de sacrifice, qui lui sera fatal, pour une cause exclusivement commune. Il aurait été en l’occurrence pertinent d’aborder la jeunesse et l’adolescence de cet Argentin et faire un focus sur les événements et le déclic qui ont pu l’amener à des engagements aussi radicaux. Che L’Argentin, amputé brutalement de sa moitié n’est en fait pas un biopic traditionnel. Il place son sujet au second plan, l’instrumentalisant au cœur d’une guerre civile où les héros n’existent pas. C’est une guerre de clans, de quartiers presque, où les embuscades se substituent aux grandes batailles. Une guerre à la dimension de Cuba, une île sauvage. Une guerre toutefois schématisée et réduite à quelques coups d’éclats facilités par la couardise d’une armée gouvernementale peu stimulée. Tout cela à un petit côté amateur fâcheux
Benicio Del Toro, mystérieusement momifié dans le rôle titre, peut remercier son ami Sean Penn qui l’a dirigé dans « Indian Runner ». A Cannes, rarement prix d’interprétation masculine a été si mal décerné. Si le but véritable de cette biographie filmée (évitons "biopic", le vilain mot) est de démolir l’image du Che, présenté comme un fonctionnaire de la guerilla, terne, anonyme et creux, la réussite est complète. Si complète que Steven Soderbergh, entraîné par son mouvement, se saborde lui-même. On ajoutera que le récit, destructuré et répétitif, constitue une abominable torture pour le spectateur.
Che 1ère partie est doté d’une part d’une très bonne interprétation de Benicio Del Toro, et d’autre part d’une excellente mise en scène, qui atteint des sommets lors des scènes de combats. On peut alors regretter que le tout soit passé à la moulinette de la reconstitution historique style Oliver Stone : toutes les cinq ou dix minutes, on passe de la révolution des années 50 à des discours politiques et interviews des années 60, filmées en noir et blanc et dans un style caméra au poing/journalistique assez agaçant car trop appuyé (caméra tremblotante). Et la voix off n’arrange rien ! Néanmoins, s’il pèche par cette redondance, il reste un film de très bon niveau qui vaut bien le prix du ticket… et donne envie de voir la deuxième partie, pour l’étudier dans son ensemble.
Une biopic de qualité moyenne. Soderbergh s'est inutilement compliqué la vie en superposant la révolution cubaine avec des moments où le Che était au pouvoir, ce choix n'a aucune pertinence. Le réalisateur refuse de nous faire un récit épique du mythe, justement, le meilleur choix aurait été de faire un premier film sur la révolution cubaine et un autre sur l'exercice du pouvoir par le Che. On aurait pu voir ce tout sa bravoure et ce qui fait de lui un mythe puis sa mauvaise pratique des affaires. A la place de cela, on a un film très factuel qui malheureusement manque de ligne directrice.
J'eus un profond regret quand Terrence Mallick abandonna ce film pour tourner le sublime Le Nouveau Monde, car sa vision de ce personnage intrigant et controversé qu'est le Che aurait été intéressante. Pourtant, à voir le film de Steven Soderbergh, on peut tout de même en avoir une vague idée, tant sa réalisation fait penser à celle de Mallick. Plutôt que de privilégier le spectaculaire et la reconstitution, Soderbergh livre un film étrange, lent et contemplatif. Il ne tourne pas une biographie du Che mais propose plutôt une analyse pour comprendre comment ce personnage est-il devenu un symbole. Les paysages cubains sont très beaux, valorisés par le format Scope, et participent au charme du film, l'usage de la caméra à l'épaule permet de renforcer la proximité avec les personnages. Soderbergh propose plus au spectateur de vivre une expérience plutôt que de montrer le quotidien de ces révolutionnaires cachés dans une jungle, défendant une cause qu'ils jugent justes. La partie historique est effacée pour ne laisser que le personnage évoluant vers un but qu'il s'impose. En parallèle de la campagne cubaine, Soderbergh présente un séjour du Che à New York en 1964 avec reconstitution d'interviews et du discours à l'ONU. Le choix du noir et blanc et d'une image granuleuse renforce le côté images d'archives reconstituées. Benicio Del Toro, quant à lui, livre une performance formidable comme à son habitude, et son prix d'interprétation remporté à Cannes est, à mon avis, moins une reconnaissance de sa performance en Che qu'une récompense pour son travail depuis de nombreuses années. Che est donc un film intrigant, bien que souffrant de longueurs certaines, qui mérite le coup d'oeil et laisse présager une seconde partie intéressante.
Dans cette première partie, Soderbergh, par le truchement de parti pris radicaux et d'une extrême intelligence, intervertit l'idée d'un personnage légendaire avec ses troupes. C'est invisible ou presque qu'apparaît le Che, non pas invisible dans le cadre, mais jamais souligné à l'écran, comme si le film ne portait pas sur lui mais sur le cercle autour de lui. C'est à travers les évènements historiques que Soderbergh rappelle que Ernesto Guevara est le personnage central du film, car par notre connaissance de l'Histoire et par notre interprétation des faits le récit se suffit à lui-même pour imager un personnage qui n'a pas vraiment sa place en tant que centre (comme le tente par contre la deuxième partie). C'est ainsi à côté de ses troupes, dans de splendides scènes de guérilla urbaine (dont la finale, qui dure plus de 20 minutes) aux couleurs pittoresques que s'élève le personnage, par le naturel et l'oubli de la caméra. C'est en évitant de le fixer, en évitant les plans rapprochés, les plans de visage, en évitant de s'attarder sur les détails que Soderbergh vise dans le mille. Son film est une expérience anti-biopic, et pourtant un film qui, même s'il n'est pas financé par les Etats-Unis, reste très américain dans l'âme, non pas par son budget et le sang qui s'étale sur les murs, mais dans sa manière de désamorcer les mythes fondateurs (même étrangers à l'Amérique, comme c'est le cas ici) pour y injecter des choix de scénario qui peuvent s'avérer rebutants ou alors profondément passionnants. Le film s'inscrit dans cette mode de cinéma américain révolutionnaire et qui appartient déjà à l'Histoire, tels que les frères Coen, Clint Eastwood ou Paul Thomas Anderson pour n'en citer que quelques-uns. La construction de cette première partie, malgré des ellipses très difficiles à saisir et un montage éprouvant (voire raté par moments), est en fait très simple ; Soderbergh empile au déroulement de l'action et à la troupe de soldats menée par le Che une reconstitut