Chow Yun-Fat. Plus qu'une légende, un mythe.
Alors que l'occidental moyen parvenait péniblement à ânonner son nom et que les aficionados éclairés se jetaient sur ses (rares) VHS ou un abonnement à Canal pour profiter d'une programmation pour cinéphileS (autrefois, hélas), Brother Fat déchainait les passions en Asie et enchainait es productions aussi diverses qu'excellentes (stakhanoviste et brillant, d'où son statut de dieu vivant).
C'est dans ce climat d'effervescence qu'il tourne dans "God of Gamblers" de Wong Jing, réalisateur réputé pour ses films d'art martiaux et ses comédies potaches, typiques de l'humour made in HK.
Le succès est immédiat d'autant qu'il partage l'affiche avec Andy Lau, un habitué du réalisateur mais surtout du très francophile Johnny To et de son acolyte Wai Ka-Fai.
Car il faut savoir qu'a Hong-Kong, le jeu est comme une religion. Tout le monde joue, que ce soit dans un club select, un parc, un resto ou table vaguement bancale sur les docks. Carte ou (surtout) Mah-jong, chacun son courant pourvu qu'on tente d'arrondir ses fins avec le collègue ou les voisins (même ici, c'est une pratique courante de la communauté chinoise...). Aussi, cet état d'esprit échappe-t-il au français moyen qui découvre à peine les paris sportifs. Et que dire de l'humour, classiquement de l'absurde un peu noir poussé jusqu'au point de WTF ultime avec deux-trois références culturelles typiques, bref, un film qui s'adresse à un public certain.
Il serait aussi vain de tenter de faire apprécier à tout prix un tel film à un occidental qui ne connaitrait rien de la Chine que de diffuser à HK un "Bienvenue chez les ch'tits". Passons outre le fait que c'est un très mauvais film, le public local ne comprendrait pas grand chose aux gags qui relèvent typiquement de l'inconscient populaire hexagonal.
Pour les autre, les asiats, les sinophiles et autre amoureux de chinoiseries, c'est un film aussi culte que savoureux qui mélange habilement policier (made in HK, c'est à dire flic VS triades) et comédie, saupoudré de quelques autres genre. Avec des gags hallucinés, des situations rocambolesques qui poussent les acteurs aux sommets de leur arts et des dialogues truculents qui expliquent que "God of Gamblers" est l'équivalent chinois de la "Grande Vadrouille".
Petite mention pour la BO, aussi monumentale (dans son genre) que celle de "Il était une fois en Chine".