C’est sûr que cette Ile au trésor n’est pas la meilleure adaptation de la fameuse histoire, mais honnêtement il y a de vrais atouts, spécialement sur le plan visuel, comme beaucoup de films d’aventure dans ces années-là.
En effet le technicolor fait des miracles, et le métrage est vraiment superbe sur la forme. Les couleurs sont sublimes, le travail sur les décors est remarquable (c’est vraiment le genre de film qui, enfant, fait rêver, c’est tellement plus authentique que les effets numériques à outrance), et Byron Haskin, bien que dans ses premières réalisations, fait valoir ses talents en matière de cinéma d’aventure, et offre une mise en scène ample et de qualité, qui, parfois, aurait pu prendre un peu plus de hauteur. Sa mise en scène séduit spécialement par son rythme et sa vivacité, une qualité pas si fréquente que cela chez les réalisateurs des années 50.
Passé la flamboyance visuelle, le scénario offre un certain retour à la réalité. Après une bonne ouverture, le film perd en saveur, par un certain manque de noirceur, d’ironie, le personnage de Long John Silver, toujours séduisant par ses ambiguïtés étant ici un peu trop lisse, à l’image d’ailleurs des autres personnages. On se retrouve clairement avec un film d’aventure familial, typé Disney, pas foncièrement décevant, mais qui, à l’image des Davy Crockett, auxquels j’ai beaucoup pensé devant ce métrage, s’avère forcément plus lisse, et pas toujours dans l’esprit du livre. C’est une attraction plaisante, mais où les îles désertes sont trop hospitalières, les pirates trop proprets sur eux. Il y a aussi un léger enlisement dans le rythme sur l’île.
Le jeu des acteurs est correct, mais clairement seul Robert Newton se démarque vraiment dans le rôle de Long John Silver. Il est efficace, son style pertinent, et il apporte un peu de l’ambiguïté du personnage par un jeu assez rêche, mais pas assez c’est sûr. Face à lui Bobby Driscoll offre une composition honorable mais un peu démonstrative, il a du mal à imposer son personnage qui se contente la plupart du temps de subir. La relation mentor-apprenti en quelque sorte n’est pas assez développée ici. Les autres acteurs sont tout de même très classiques, et ne surprendront pas vraiment.
L’Ile au trésor de 1950 est clairement une version élégante et familiale de l’histoire. Ça se suit avec plaisir, mais le film a un côté précieux, séducteur, qui cache quand même un côté policé. Je ne sais pas, dans un film de ce genre on attend un squelette, un pirate avec un bandeau, des trésors rutilants, des pirates sans pitié, des coups de canon, et là, même si le film est très beau, ce n’est pas dedans. 3.5