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    Le Grand amour
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "Le Grand amour" et de son tournage !

    Histoire d'une vie nouvelle

    Pendant plus de vingt ans, et à la suite d'imbroglios juridiques peu compréhensibles du grand public, Pierre Etaix et Jean-Claude Carrière, ami et collaborateur de toujours du cinéaste, se sont vus interdire l'exploitation des cinq films qu'ils ont coécrits au cinéma, à savoir Le Soupirant, Yoyo, Tant qu'on a la santé, Le Grand amour et Pays de cocagne. Héros d'une proscription d'une rare ampleur pour un cinéaste en France, la ténacité du combat de Pierre Etaix a alors été secondée par une intervention salutaire du Festival de Cannes en 2007 : son film-référence, Yoyo, avait alors été projeté, "illégalement", dans le cadre de Cannes Classics permettant de rouvrir un débat quelque peu oublié. En 2010, le Festival de Cannes est à nouveau l'occasion d'offrir une nouvelle médiatisation au cinéaste, désormais maître de l'exploitation de ses films, par une rétrospective dans laquelle la version remastérisée du Grand amour sert de figure de proue au lancement de la nouvelle vie qui attend l'intégralité des films de Pierre Etaix, restaurés et en salles à partir du 7 juillet 2010.

    Origine du projet

    Pierre Etaix, en tant que rare héritier du slapstick du burlesque américain, a pris comme point de départ de son projet une pièce de Feydeau, qui selon lui "a fait dans le théâtre une chose propre au slapstick : il a bati toutes ses pièces avec des effets de gags. Ce fut le seul (...) Feydeau a glorifié la comédie boulevardiere et le slapstick." S'il reconnaît volontiers que son sujet de base est "bateau : un homme de 40 ans rencontre une femme de 20 ans", le cinéaste explique qu'il s'agit là de l'essence même de son projet, sous l'égide du maître Alfred Hitchcock qu'il prend en référence: "L'idée c'était de prendre le sujet le plus bateau et de le traiter en slapstick...Pour Le Grand Amour j'ai donc voulu prendre un sujet de vaudeville mais traité de manière radicalement contraire", explique-t-il.

    Redécouverte

    Lorsqu'enfin le film ressort sur grand écran 40 ans après sa réalisation, Pierre Etaix ne cache pas son impatience et, aussi tendu qu'au premier jour, il annonce : "Je ne me pose qu'une question, est-ce que le public va s'amuser ? Est-ce que ce que j'ai aimé faire et ce qui m'a fait rire, va plaire ?". A l'heure de sa médiatisation nouvelle, notamment grâce au Festival de Cannes 2010, il rappelle d'où vient sa vocation pour le cinéma, et pourquoi cette passion est toujours aussi vive : "Je n'ai fait ce métier que pour ça, pour avoir une relation particulière au public, pour émouvoir les spectateurs (...) Cannes, c'est une image qui glorifie les films de manière éphémère. Et la gloire, les médailles, je m'en fous ! La seule récompense, c'est le rire du public. Si, à l'issue de la projection, les gens viennent me voir avec le sourire, là, je serai heureux."

    Etaix et la Nouvelle Vague

    Pierre Etaix est l'un des rares réalisateurs qui a "survécu" à la révolution Nouvelle Vague alors qu'il en a été contemporain, son cinéma s'en rapprochant parfois formellement. S'il ne s'en est jamais revendiqué, bien au contraire, l'intéressé l'explique ainsi : "Je n'ai jamais vu un film de la nouvelle vague à part A bout de souffle , que je n'ai jamais vraiment compris. Vous savez, ce qui m'intéressait, c'était le dernier Hitchcock , le nouveau Fellini. Certainement pas les gens qui faisaient partie d'un mouvement en marge. J'ai toujours eu horreur des choses qui s'affichent en marge." Et de rappeler sa motivation première, difficilement assimilable aux vertus prônés par les "révolutionnaires" d'alors : "J'ai jamais eu d'autres ambitions que de faire rire. Rien d'autre. Ceci dit, c'est bien suffisant. C'est déjà une telle folie. Prétendre faire rire ses semblables c'est complètement fou, non ?".

    De la comédie comme sagesse

    Alors qu'il a passé quarante années pris dans des imbroglios juridiques où les projets n'ont fait que s'annuler malgré un engagement jamais démenti, le cinéaste ne fait pas partie de ces gens aigris et a tiré de ses mésaventures une grande sagesse : "Les gens dans la rue m'arrêtent et me demandent ce que j'ai fait... Que voulez-vous que je leur réponde ? J'ai fait tant de choses : de la comédie clownesque, du dessin, du cinéma, de la musique.... Et puis je ne veux pas être une légende. (...) Etre une légende, c'est être l'image de quelque chose et ne pas être la personne qui a fait ces choses. (...) Je ne suis pas passéiste. Ce qui m'intéresse, c'est demain." Et de conclure d'un ton résolument optimiste : "Là, par exemple, j'ai un projet de film comique en image 3D, avec un sujet qui se prêterait complètement au format." On ne le change pas Pierre Etaix...

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