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Bernard D.
111 abonnés
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5,0
Publiée le 11 décembre 2020
Le film « La 317ème section » de Pierre Schoendoerffer est sorti en 1965 soit 17 ans avant « L’honneur du capitaine » qui portait sur la guerre d’Algérie. Là on est en Indochine en 1954 à quelques jours de la chute de Dien Bien Phu et à l’ouverture des pourparlers pour la conférence de Genève sur la question de l’Indochine. Le récit débute le 4 mai 1954 lorsque la 317ème section commandée par le sous-lieutenant Torrens (Jacques Perrin), sorti depuis peu de Saint-Cyr, a reçu l’ordre de se replier sur une base plus au sud avec l’adjudant Willsdorf (Bruno Cremer), un vieux « routard » car étant Alsacien il a dû combattre en Russie dans la Wehrmacht. L’histoire de cette débâcle se déroule sur 6 jours à travers la jungle avec la pluie, la brume épaisse, les torrents, les sangsues, la dysenterie, la sueur… et les Viêt-Minh, les blessés sous morphine et les morts qu’on enterre sur place. Les 2 hommes au caractère opposé feront de leur mieux mais après un baroud d’honneur – « une charge de la cavalerie légère » - Torrens sera tué le 6ème jour signant la fin de cette317ème section prise au piège. Quant à Willsdorf, il sera tué en décembre 1960 en Algérie. Un film en noir et blanc sans jugement moral qui nous montre pas à pas la réalité de l’horreur de la guerre – « Qu’est-ce que ça veut dire dégueulasse ? C’est la guerre » - d’autant mieux filmée que le réalisateur s'est servi de sa propre expérience puisqu’à l'époque il avait filmé la guerre en Indochine d’où l’aspect un peu « documentaire » de son film. Les dialogues sont incisifs : « Nous partons avec les blessés, c’est un ordre » ; « Il faut que l’objectif à atteindre justifie les pertes » ; « La France est notre mère qui nous nourrit avec des pommes de terre et des fayots pourris » … et une métaphore sur l’œuf qu’on écrase à Dien Bien Phu : « Blanc partir, jaune rester ». C'est de loin le meilleur film de guerre français.
Très bon film sur la guerre d'Indochine et son aboutissement, l'indépendance déclarée avec les accords de 1954. On suit cette section de l'armée française et leurs fantassins locaux sur le front face aux Viêt-Minh, la jungle très hostile habite cette guérilla sentinelle assassine. Ils sont dépassés et aux abois, des blessés sévères dues aux conséquences de cette douloureuse et fatigante guerre tropicale. Le climat dépaysant, la physionomie géographique, les épidémies, la malnutrition. Il y a un lien avec l'apocalypse war des troupes américaines, l'utilisation de plantes narcotiques asiatiques pour soulager les blessures de guerre éprouvante traditionnelle. Cette réalisation me fait penser à l'inspiration pour le chef-d'œuvre en version redux, un œuf comme métaphore des restes de l'administration coloniale. Une mise en scène très propre, nickel chrome dans ce scénario roman autobiographique, la vision d'un soldat comme souvenir de l'histoire Franco-Vietnamienne-Laotienne-Cambodgienne. Pas de larme étirée à longueur de journée, juste telle qu'elle fut décrite sur le terrain conflictuel.
« La France est notre mère qui nous nourrit avec des pommes de terre et des fayots pourris ».
Les yeux de Pierre Shoendoerffer par l’intermédiaire de la caméra à hauteur d’homme de Raoul Coutard scrute un noir et blanc crépusculaire noyé sous les eaux. Un enfer vert sans couleurs potentiel d’une dernière demeure dévoile un ennemi lointain presque invisible réglant ses tirs de mortiers pendant qu’un Saint Cyrien et un baroudeur s’opposent mollement en débattant de stratégie.
Les Rombiers managés à la dure ont des visages identiques que ceux que l’on combat à distance. Ils creusent les tombes de leurs congénères et de leurs maîtres. Soumis par une complète absence de conscience de soi, ils s’activent sous des ordres plus éducatifs que destructifs.
Un visage presque adolescent se met spontanément à l’écoute d’anecdotes guerrières reformatées entre deux angoisses de disparaître. Il est possible néanmoins dans ce contexte ou la lumière du jour peut s’éteindre à chaque instant de pouvoir sourire en devisant une bouteille de vin à la main.
Les tensions entre différentes manières de faire sont atténuées par l’élaboration naturelle d’une affection protectrice mutuelle. Les hommes continuent d’exister dans un cauchemar éveillé omniprésent.
Quand l’un deux sait que son tour est venu de s’en aller ce n’est plus la peur du « Viet » qui le paralyse mais une faune animale encore plus dangereuse.
« La 317eme section évite une fiction outrancière napalmisée pour ne montrer que l’implacable réalité de faits d’armes filmés en temps réel, un flash historique reconstitué à l’authentique ou personnages et comédiens fusionnent dans des situations extrêmement exposées tout en restant d’une sobriété exemplaire. Ce que l’on voit c’est la guerre, la vrai, le spectateur n’est plus témoin, il est incorporé dans les progressions, les transports de blessés, les rivières à traverser, les pauses, les contacts radios et les morceaux de bravoures finaux.
Par un contexte thématique incontournable le contenu de la 317eme section se rapproche du titre d’un film tourné par un célèbre cinéaste mexicain.
En marge de Diên Biên Phu, qui vient de tomber, la 317ème section du lieutenant Torrens (Jacques Perrin) et de l'adjudant Willsdorf (Bruno Cremer) reçoit l'ordre de se replier. La fuite, au coeur de la jungle, sous la menace de l'ennemi, est périlleuse. Pierre Schoendoerffer, à travers le cas anecdotique de la 317ème section, réalise un brillant film de guerre, non pas porté par des thèmes généraux sur la guerre mais par la spécificité des combats en Indochine. Humble, le film s'attache à l'authenticité, complètement éloigné d'une quelconque intention romanesque. De fait, la jungle cambodgienne et les escarmouches qui réduisent progressivement spoiler: la section à une peau de chagrin , sont les éléments très réalistes qui déterminent, sans surenchère spectaculaire, un drame militaire autant qu'humain captivant. Evitant, au contraire de la plupart des films de guerre américains, les considérations conventionnelles au coeur de la bataille, le réalisateur s'en remet à des personnages sobres, à des mots justes. En témoigne la relation intéressante entre le jeune officier Torrens et son subordonné expérimenté Willsdorf qui, ailleurs, aurait probablement donné lieu à quantité de clichés. Jacques Perrin et Bruno Cremer sont remarquables à cet égard. La rigueur de la mise en scène et du scénario est exemplaire et, dans le décor tout à la fois somptueux et hostile du Cambodge, il n'est pas jusqu'aux bruits des armes et de la faune qui ne soient réalistes.
Avec Pierre Schoendoerfer et beaucoup d’étudiants dans la salle Pas de fioritures. La pluie moussonne en noir et blanc. Dien bien phu grésille à la radio qui fonctionne par dynamo. Un tournage petits moyens comme la section l’aurait été en réalité. Rambo ne viendra pas et le héros ne sera pas sauvé. C’est une vraie fausse guerre en attendant l’Algérie. Perrin et Cremer, jeunes acteurs sont convaincants. FESTIVAL LUMIERE 2010
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3,5
Publiée le 10 mai 2011
il a fallu attendre la "317e section" de Pierre Schoendoerffer pour avoir enfin un film français sur la guerre d'Indochine! Couronnè du meilleur scènario au Festival de Cannes et tournè au Cambodge, le film dègage une belle authenticitè grâce au souvenir du rèalisateur, vètèran d'Indochine, qui fit parti des volontaires parachutès sur Diên Biên Phu en 1954! Schoendoerffer adapte ici son roman èponyme ècrit en 1963 où l'on suit une section militaire de Laotiens commandèe par des officiers français que jouent Bruno Cremer et Jacques Perrin! Forcèe à abandonner le poste isolè qu'elle occupait, elle s'engage dans un repli qui sera synonyme pour elle d'anèantissement! Avec cette oeuvre èmouvante et rèaliste, le cinèaste a voulu plonger le spectateur dans l'oeil du cyclone, presque comme dans un documentaire! Le rèsultat est à la hauteur de cette ambition parce qu'il se refuse d'exalter un certain hèroïsme et choisit de montrer que le courage se rèvèle dans la difficultè de prendre certaines dècisions douloureuses et dans l'accomplissement de sacrifices plutôt que dans les charges meurtrières! Une date dans l'histoire du cinèma français...
Film de guerre intéressant au coeur d'une section en mission proche des zones de combats à la fin du conflit d'Indochine. Perrin et Cremer jouent justes et la caméra accroche les moments d'inquiétudes, d'anxiété, de décontraction... tout ce qui passe par la tête de soldats en plein milieu d'un bourbier sans nom. Une vision intéressante d'un conflit peu représenté au cinéma français.
Une des rares œuvres sur la guerre d'Indochine, La 317ème section bombarda en 1965 le genre du film de guerre, en suivant le quotidien de soldats confrontés à des choix stratégiques et moraux dont va dépendre leur vie. Évitant toute forme d'effet inutile, dans un style quasi-documentaire – Pierre Schoendoerffer avait lui-même vécu le conflit en tant que cinéaste – le réalisateur nous fait suivre au plus près les doutes et les difficultés de soldats dans l'enfer de la jungle asiatique. Et nous offre un superbe face-à-face entre un sous-lieutenant et son adjudant, superbement interprétés par Jacques Perrin et Bruno Cremer, spoiler: qui se finira en tragique amitié . Un long-métrage qui inspira y compris de nombreux cinéastes américains dans les années 70.
Pierre Shoenderffer a vécu la guerre d'Indochine et l'avait déjà racontée dans un bouquin éponyme à celui du film qu'il tourna quelques années plus tard, en 1965. Aujourd'hui, le principal intérêt de l'oeuvre n'a pas changé : elle traite une guerre rarement abordée dans le cinéma, qui plus est avec un point de vue Français, là aussi presque inédit. En pleine douce censure Gaulliste (on se souvient par exemple de l'interdiction pure et simple du "Petit Soldat" de Godard qui avait eu l'audace de s'attaquer "aux événements d'Algérie" comme on disait), il ne s'agissait non pas d'une provocation mais bel et bien d'une nouveauté, cherchant à briser bien des tabous. Forcément proche de la réalité (dû au vécu de son auteur), "La 317ème Section" n'a rien des superproductions à la Zanuck : il n'est pas bêtement et gratuitement spectaculaire comme ce que pond habituellement Hollywood, d'où son intérêt. Il se veut également un brin en avance sur les moeurs d'alors dans sa position clairement antimilitariste. Malgré tout, ce long-métrage ne ressemble pas aux essais atypiques que produisit Georges de Beauregard durant toutes ces années anti-consensuelles. En effet, il suit de la première à la dernière minute un scénario ultra-classique et n'apporte strictement rien de nouveau dans son évocation des relations entre les différents militaires. La narration (j'entends par là la manière d'exposer les événements en excluant le côté purement visuel) est conventionnelle, confirmant malheureusement une mise en scène (cette fois-ci au sens de l'image) fainéante et plate, aussi bien dans ses angles de prises de vues que dans son montage (élémentaire comme un et un font deux). Quant aux rebondissements, ils sentent à plein nez le déjà-vu... Ainsi, "La 317ème Section" peut-il facilement se laisser voir et ce avec un intérêt certain si pris comme un témoignage historique. Autrement, il s'agit d'un film de guerre correctement exécuté quoiqu'affreusement académique. Comme vous le sentez.
La guerre traitée sans complaisance, sans héroïsme, dans ce qu'elle a de plus inhumain et destructeur. On pourrait craindre que la distanciation avec les personnages soit trop grande pour que le film puisse créer de l'émotion. Il n'en est rien, car les différents protagonistes sont très complets et magistralement interprétés, ce qui installe tout de suite de l'empathie chez le spectateur. La musique et la mise en scène, qui fait la part belle au réalisme, ne rendent le film que plus dur et parlant. Poignant.
Solide film de guerre filmé de façon réaliste (c'est vrai qu'on se croiraient en pleine guerre). Le noir et blanc rend très bien le bourbier de la jungle. Les scènes de combats sont percutantes malgré le fait qu'on ne voit pas grand chose.
Tourné avec une équipe réduite au milieu de la jungle cambodgienne, "La 317ème section" constitue un des rare film à aborder ce conflit mal-connu que demeure la guerre d'Indochine. Pierre Schoendoerffer y adapte son roman éponyme et insuffle un style documentaire dont le dépouillement est renforcé par la photographie N&B de Raoul Coutard. On tient véritablement une grande réussite du film de guerre français qui retranscrit avec beaucoup d'acuité la lutte des soldats pour préserver leur humanité.
Vision sèche et réaliste de la guerre d'Indochine. La 317e section est un bon film, sans faute et mis en scène de manière solide. Il était de plus courageux de faire un film sur une défaite francaise, ce genre de sujets étant soigneusement pas les francais ou les américains. Le film est de plus porté par deux bons acteurs, Jacques Perrin et Bruno Cremer. Si ce film n'emballe pas, il n'en reste pas moins un film très honorable et courageux.
Je viens il n'y a pas 4 jours de découvrir ce que je ne m'attendais pas à être une aussi belle oeuvre : La 317ème section, film de guerre français de 1964, témoignage direct d'un homme qui a vécu cette guerre (celle d'indochine) et connu la captivité, cet homme rentré en France a écrit un roman de cette guerre éprouvante qu'il a vécu, le roman a évidemment été refusé (comme Johnny s'en va en guerre de Dalton Trombo), il a alors l'idée génial de retracer cette guerre à travers un film (comme Dalton Trombo) adapté de son livre, cet homme s'appelle Pierre Schoendoerffer et nous livre un film : La 317ème section, un chef d'oeuvre du film de guerre tant il est poignant par la lucidité et le réalisme des relations des personnages, du scénario et des dialogues, en même tant c'est un vétéran qui l'a écrit et réalisé ! Le livre a tout de suite été publié après le film, celui ci reste pour moi LE plus grand film de guerre français de tout les temps et un des meilleurs en général. C'est aussi le film qui a lancé les carrières de Bruno Cremer (Paris Brûle t'il ; et qui deviendra aussi le futur inspecteur Maigret à partir de 1993) ainsi que la carrière du tout jeune Jacques Perrin (Cinéma Paradiso) qui livre ici une interprétation pleine de talent et de sympathie. L'utilisation du Noir et Blanc est très justifié par la qualité des images qui en ressortent, un film authentique et sans conscession sur la Guerre d'Indochine. Vraiment unique.