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Un visiteur
5,0
Publiée le 18 octobre 2007
Un très grand film très sensible, élégiaque, contemplatif, une ôde à la vie, à la ville, à la nature, aux routes, aux chemins, aux destins, aux rencontres. Un film habité, traversé par une lumière très intérieure et personnelle.
A la recherche des fantômes de l'Histoire et de son histoire, Vincent Dieutre filme l'infilmable : ce qui n'est plus. Il confronte ici la grande histoire d'un pays (l'Allemagne) avec son histoire intime. Ainsi, l'hiver devient la métaphore de la mort historique de ce grand pays que fut l'Allemagne, traumatisé par les méfaits de l'Histoire (nazisme et mur de Berlin), mais l'hiver est aussi celui d'un homme qui vieillit et qui retrouve le temps d'un voyage ses anciens amants. Au total, le ton est mélancolique et plutôt déprimant, ce qui est aidé par un choix de musiques classiques pertinent. Sur la forme, le film se place délibérément en marge de la production courante et place la barre très haut : le cinéaste ambitionne d'être un nouveau Robert Kramer ou un épigone de Marguerite Duras (la cinéaste plus que l'écrivain). Vous voilà prévenus : pour goûter à ce "voyage d'hiver", il faut être friand d'expériences cinématographiques extrêmes. C'est un cinéma hermétique où les lois de la narration classique sont bouleversées, où il n'y a pas un seul dialogue (seul le cinéaste s'exprime en voix off), où on filme en DV des personnages qui déambulent dans des rues pendant de longues minutes. Bref, c'est un cinéma difficile, qui demande beaucoup d'efforts de la part du spectateur. Par contre, celui qui aura décidé de se laisser porter et de réfléchir à tout ce qui est dit, sera récompensé car une émotion réelle finit par l'étreindre : celle d'avoir vu une oeuvre austère et exigeante qui réussit le difficile pari de nous plonger au coeur de l'intimité d'un être. Un être qui souffre, qui doute et donc que l'on aime.
A part filmer les paysages figées par le froid dans une étrange atemporalité, cette oeuvre n'est qu'un pensum ampoulé, prétentieux et beaucoup trop écrit. Sans air, en totale asphixie, d'un ennui mortel et d'une incroyable complaisance pour l'auteur lui-même, on comprend que le parti pris de la caméra DV/épaule n'est pas un choix esthétique comme chez les Dardenne, mais une prétention à saisir et à pouvoir reproduire la vérité telle qu'elle est donnée à voir. Un tel étalage de culture et de connaissances est franchement puant, et finalement, nulle volonté de comprendre l'histoire de l'Allemagne, simplement le souci de s'écouter parler. Atrocement narcissique.