Avant le film de Bryan Singer, qui peine à se hisser au sommet du box office de cette année 2013 déjà surchargée, il y a eu Jack le tueur de géant, réalisé par Nathan Juran, à une époque où fleurissait les films d'aventures portés par des effets spéciaux image par image « stop motion », initiés grâce au génie de Ray Harryhausen. Spécialisé dans ce genre de produit, avec le Septième voyage de Sinbad sur son CV, Juran a donc de l'expérience en se lançant dans cette adaptation libre du conte de Grimm. Pas de véritable talent qui le distingue des autres, mais quelque chose qui transparaît dans chaque plan de Jack the giant killer : énormément d'amour pour le fantastique. Une envergure de gentil conteur pour enfant, mais qui adore tellement son sujet qu'il le soigne aux petits oignons, à un point que malgré la simplicité enfantine, la banalité et la naïveté de l'ensemble, on est conquis. Quand on est abonné à tout ce qui se rapproche de Jason et les Argonautes, on ne peut que se régaler de ce petit délice, en dépit de l'absence d'Harryhausen à la barre des trucages. C'est sur ce dernier point que les mauvaises langues s'abattent sur ce pauvre film en lui trouvant des animations rigides et peu convaincantes. Ma foi, certes les monstres sont loin d'arriver à la cheville du grand ponte, mais ils n'ont rien d'indigeste non plus. Personnellement je les trouve très plaisants à regarder, très drôle à défaut d'être habité par l'âme de leur concepteur. En fait, l’œuvre dans son entier est une histoire linéaire, parfois bêbête, mais terriblement attachante, avec des situations qui relèvent plus du théâtral que d'une logique dans le comportement des personnages (Thorin Thatcher en Pendragon, hilarant et jubilatoire, soumet Jack à des épreuves pour assurer un spectacle de taille au spectateur plus qu'il ne se défend en mettant tout les moyens à sa disposition pour l'éliminer). Peu importe, c'est fichtrement amusant, ça remet les compteurs à notre enthousiasme délirant des 5-6 ans, et on ne s'ennuie pas une seconde. Les acteurs jouent très bien, rien à redire de ce côté là, et le périple traversé offre son lot de situations variés hautement parées en couleur et en action. La musique n'hésite pas à lorgner vers le ténébreux au lieu de s'élever sans cesse au moindre exploit du héros pour se réduire au silence dans l'antre des méchants (je dis ça parce que c'est le cas dans de nombreux vieux films fantastique). La galerie de portraits et de décors dressés par cette formidable aventure est impressionnante, finalement c'est bien ça qui compense toutes les faiblesses, et puis il y a un duel de monstres achement ridicule vers la fin mais diablement rigolo, à mourir de rire même, alors c'est un sacré moment de divertissement non ? Sans oublier qu'on le revoit sans se lasser, or une distraction cinématographique qui résiste à plusieurs visions, c'est important ! Dieu sait que jamais je ne re-visionnerais un bon paquet de ces blockbusters plat qui écument les salles à l'heure actuelle, tandis que je me réjouirais de retourner voir Jack le tueur de géant. Plus que le remake d'ailleurs, qui pourtant n'est pas mal du tout, mais il y a cette petite étincelle onctueuse qui lui fait défaut...