Derniers Avis sur Conquest

« Conquest » est, de la part de Lucio Fulci, réalisateur italien culte de films d’horreur, une parenthèse récréative très mal ficelée à tous niveaux (script, jeu d’acteur, costumes, photographie, musique, mais surtout histoire !), qui pourra plaire à certains, notamment les amateurs de nanars et surtout faire beaucoup rire les autres par son ridicule !

Conquest est un film particulier, car si en effet il est globalement plutôt mauvais, il est néanmoins très singulier, et finalement plaisant à regarder.
L’interprétation est loin d’être exceptionnelle. Jorge Rivero et Andrea Occhipinti font à peu près le boulot, mais il est difficile de dire qu’ils soient vraiment dynamiques et enthousiasmants, dans des rôles en plus insuffisamment consistants. Le personnage d’Ilias notamment est difficile à cerner, et aurait vraiment mérité d’être plus approfondi, de même que celui de Sabrina Siani, l’antagoniste, qui n’a rien d’intéressant car il est complètement mis de coté. Au final, c’est là une difficulté importante pour Conquest, car il est difficile de rentrer dans le film alors qu’aucun personnage ne donne franchement envie de les suivre.
Le scénario est problématique. En dépit des péripéties des personnages, parfois originales et sympathiques, le métrage est très ennuyeux. Il ne dure pas longtemps pourtant, et néanmoins il a un rythme lent, que n’arrange certes pas le manque de dialogues, il est beaucoup trop linéaire, et manque d’intensité. C’est l’exact contraire d’Excalibur de Boorman, sorti à peu près à la même époque, mais qui disposait d’une histoire riche, complexe, et totalement prenante. Là il y a trop d’inconsistances, de superficialité, pour faire de Conquest un bon film d’heroic-fantasy.
Visuellement, c’est là où le métrage s’en tire le mieux, et donne un intérêt à son visionnage. La mise en scène de Fulci n’est pas exceptionnelle, et sans doute n’est-il pas dans un genre qui lui sied bien. Néanmoins il parvient à donner un peu de nervosité à l’action, et surtout, il excelle dans la contemplation. Sa caméra magnifie vraiment les paysages, et certaines séquences ressemblent à des tableaux de Friedrich ou de Kuindji. C’est sublime de ce point de vue. La photographie souffre un peu d’une sorte de brouillard quasi constant. C’est vrai que c’est un élément assez facile à mettre en œuvre pour donner un caractère onirique à un film, mais là son usage massif finit par être agaçant. Néanmoins il y a des moments très réussis, avec de superbes couleurs, des contrastes plaisants, et une ambiance bien installée. Les décors sont partagés entre les décors naturels, parfaits, et les décors artificiels qui ont visiblement souffert d’un budget en délicatesse. C’est d’ailleurs aussi le cas des costumes, peu réussis (les hommes loups sont vraiment bof) et des effets spéciaux, qui pour certains font beaucoup plus que 30 ans (je pense notamment au passage avec les roseaux). Il y a quelques effets gores artisanaux mais réussis. Enfin la bande son est déconcertante. Si parfois elle fonctionne avec les images, d’autres fois elle en est totalement déconnectée, avec des sonorités à la K 2000 qui ne conviennent pas du tout à l’atmosphère du film.
Conquest n’est certainement pas le meilleur film de Fulci, néanmoins ce n’est pas une ruine. Si le réalisateur apparait un peu mal à l’aise avec sa fresque fantastique, n’étant il est vrai, pas franchement aidé par une histoire passe-partout et des personnages fadasses, cependant sur la forme il y a de très bonnes choses. Le budget bien sur, et les décennies ont touché Conquest, mais il reste un spectacle honorable, parfait pour les spectateurs en quête de films d’ambiance. Je lui donne la moyenne compte tenu du fait qu’il s’agit d’une petite production avec des moyens franchement limités.

Unique percée de Fulci dans le domaine de l'heroic-fantasy Conquest est un piètre film qui illustre parfaitement le niveau du bis italien des années 80. Consternant avec son scénario qui semble être écrit par un enfant, pauvre en aventures Conquest a parfois quelques fulgurance de gore à la Fulci.