J'ai beau commencer à le connaitre par cœur mais revoir North by northwest représente toujours un grand plaisir, Hitchcock étant alors dans sa période la plus prolifique. C'est suite à Vertigo qu'il se lance dans la réalisation de celui-ci, changeant radicalement de style et proposant une synthèse d'une bonne partie de ses thèmes de prédilection et de sa façon de faire.
C'est en effet autour du thème de l'homme ordinaire et innocent qui va se retrouver au coeur d'une histoire qui le dépasse totalement, qu'il a maintes fois usée dans sa carrière (I Confess, The Wrong Man, Saboteur, The 39 Steps etc), qu'il axe North by northwest. Ici c'est Cary Grant, l'un de ses acteurs fétiches, qui va se retrouver au cœur d'une sombre affaire d'agents infiltrés et d'espionnage. Encore une fois, il trouve le moyen de ne pas lasser et de se réinventer via ses propres thématiques. L'idée de départ est ingénieuse et intéressante et, tout le long du film, il nous entraîne dans de nombreuses péripéties tout en gardant une grande part de mystère sur les enjeux et les personnages.
Si j'ai une si haute estime d'Hitchcock, c'est notamment pour son efficacité ainsi que sa capacité à faire simple, sans esbroufe et en allant d'un point A à un point B sans grands détournements. Ici il rythme son film par des péripéties toutes bien trouvées et ingénieuses ainsi que des dialogues, comme l'intrigue, merveilleusement ficelés. Dès les premières secondes il rentre dans le vif du sujet et met en place une atmosphère de soupçons qui ne va que s'accentuer plus on avance dans le récit. Le maître du suspense, portant toujours aussi bien ce sobriquet, garde l'angle de Cary Grant et donc faisant en sorte que le spectateur soit dans la même situation que lui, c'est-à-dire constamment en danger, dépassé par les événements mais cherchant à en connaitre les raisons. Tout le long haletant et passionnant, il ne nous laisse guère de répit et enchaîne les séquences toutes plus spectaculaires les unes que les autres, que ce soit celle de l'avion ou le final sur le Mont Rushmore.
D'ailleurs, et pour cette dernière collaboration, Cary Grant est juste extraordinaire et ce qu'il soit bourré, incompris ou pourchassé. Il arrive à en même temps retranscrire l'incompréhension mais aussi la légèreté et le charme de son personnage, sachant détendre l'atmosphère à certains moments et c'est un vrai régal, alors que face à lui les autres acteurs sont eux aussi impeccables, tant James Mason et Martin Landau en méchant élégants et inquiétants que la belle Eva Marie Saint. La construction du récit, autre force du cinéma d'Hitchcock, est là aussi remarquable, notamment dans sa façon créer une forte tension et de faire apparaître, ou disparaître, les protagonistes autour de Cary Grant. La reconstitution est un autre des points forts du film et Hitchcock nous gratifie de quelques plans dont il a le secret, notamment lorsqu'ils seront à bord du train. Et enfin Hitchcock bénéficie à nouveau de l'excellente bande-originale de Bernard Herrmann, collant à merveille avec les images et l'ambiance du film.
Tout simplement du grand cinéma et un spectacle de haut niveau. Efficace, extrêmement bien ficelé et construit avec un enchaînement de scènes d'anthologies et de formidables acteurs, North by northwest ne nous laisse guère de répit et Hitchcock orchestre un cocktail d'action, d'aventure et d'humour aussi haletant que passionnant.