Après quatre films estampillés Pixar, on a pu s’apercevoir que ce que faisait vibrer les créateurs du groupe, c’est de recréer une société avec une entité inattendue : on a eu les poissons, les monstres, les insectes. Cette fois, ils firent appel à Brad Bird, ayant déjà réalisé des épisodes des Simpsons et l’excellent Géant de Fer. Ayant enfin décidé d’arrêter de travailler en autarcie, Pixar ne s’attelle pas à n’importe quelle société, dans ce film, puisqu’elle met en scène, pour la première fois depuis leur premier long métrage, des humains en héros.
Les Indestructibles met en scène une famille de super-héros essayant de se fondre dans la masse, sans vraiment y parvenir totalement. Le film jongle avec les thèmes de la nostalgie, que ressent le duo principal, de la normalité, qu’aucun personnage principal ne parvient à atteindre et évidemment chez Pixar de la famille. Ce qui aurait pu faire rengaine au vu des précédents films est ici travaillé par les mains d’or de Brad Bird qui nous sert une première heure d’exposition passionnante, drôle et assez mature, au vu des autres films de la compagnie. Suivant les tribulations de Bob Parr, effectuant des missions secrètes au nez et à la barbe de sa femme, qui le croit en séminaire, Les Indestructibles se transforme doucement en film d’espionnage très classe, très inventif, passionnant. Evidemment, c’est un dessin animé familial, donc on n’échappera pas à une deuxième heure bourrée d’action, qui ne se concentre plus que sur le divertissement de son audience.
Mais dans les deux cas, l’homme qui en sort grandi, c’est bien évidemment Brad Bird. Si le film est passionnant, ce n’est non pas grâce au scénario, bien écrit évidemment, mais grâce à la mise en scène, ahurissante, plus proche que jamais qu’un film en prises de vues réelles. Entre la scène d’ouverture, sorte d’émission de TV, le prologue génial, la partie mélancolique passionnante et la partie action, frénétique comme il faut, le film est toujours mis en scène tel un vrai film, avec des plans fantastiques et vertigineux, associés à une musique adéquate, écrite par le génie Michael Giacchino. Si les scènes purement d’espionnages ressemblent comme deux gouttes d’eau à un James Bond, plus que tout autre ersatz qu’Hollywood ait essayé de produire, la deuxième partie est absolument épique et les morceaux de bravoure s’enchaînent sans discontinuer. Entre la fuite de Bob Parr, l’accident d’avion, les combats vraiment impressionnants contre le gros robot, l’infiltration du domaine de Syndrome, le spectateur a de quoi se rincer l’œil. Mais ce qui surplombe le tout, c’est la course poursuite dans la jungle de Dash. Elle est absolument magistrale, passionnante, à laisser bouche-bée n’importe quel spectateur. Chaque propriété de chaque héros est utilisée avec intelligence, le film n’hésite pas à être particulièrement violent pour un film destiné aux enfants et d’avoir un humoir parfois noir et toujours décapant…
Les acteurs ne sont pas en reste, Craig T. Nelson, Samuel L. Jackson, Jason Lee, Brad Bird lui-même et surtout Holly Hunter abattent un travail formidable, on retrouve John Ratzenberger comme dans tout Pixar… Alors, Les Indestructibles, film parfait ? Non, quelques infimes défauts viennent parsemer le film comme le personnage de Violet Parr ou celui de Jack-Jack, pas vraiment sympathiques. Ceci n’empêche pas Les Indestructibles d’être un chef d’œuvre, un des meilleurs films de super-héros jamais réalisés, un des meilleurs films d’espionnage jamais réalisés et surtout un film absolument essentiel du génial Brad Bird, un des meilleurs réalisateurs de sa génération.