Witi Ihimaera, l'auteur de la nouvelle dont est tiré le film, s'est inspiré d'une expérience personnelle. En 1985, il se trouvait à New York et à Cape Cod. De la fenêtre de son appartement surplombant l'Hudson River, un jour, il vit une baleine remontant paisiblement la rivière en soufflant un immense jet d'eau. Cette image extraordinaire lui rappela sa ville natale de Whangara, au nord-est de la Nouvelle Zélande, et l'histoire de Paikea, un mythe cher à la communauté maorie à laquelle il appartient.
A partir de là, il raconta l'histoire d'une jeune fille qui, grâce à ses relations privilégiées avec une baleine, sauve son village. Au final, cet ouvrage paru pour la première fois en 1997 est le livre de Ihimaera que la population maorie a le mieux accepté et le plus apprécié.
Dans la légendaire Hawaïki, Kahutia-te-rangi, alias Paikea, échappe lors d'une sortie en mer, aux manigances de son rival Ruatapu avant d'être sauvé par une baleine qui lui permet de gagner les côtes néo-zélandaises où il fondera une tribu. Cette légende plus que millénaire a été reprise dans de nombreuses oeuvres, en particulier dans The Whale rider de Witi Ihimaera, l'oeuvre dont est tirée Paï.
C'est John Barnett, l'un des producteurs de Paï qui, le premier a l'idée d'adapter la nouvelle de Witi Ihimaera. En 1995, il en acquiert les droits avec sa société South Pacific Pictures. Un gros problème se pose alors: trouver le bon réalisateur et le bon script.
"Nous cherchions un réalisateur qui soit à même de capter toute la magie de ctte histoire, et nous tenions à un Néo-Zélandais, explique John Barnett. C'est alors que nous avons pris contact avec Niki Caro. Elle avait déjà à son actif un long métrage, plusieurs courts-métrages d'une qualité rare et de nombreuses séries télé pour South Pacific Pictures. Nous lui avons d'abord demandé d'écrire un scénario exposant sa vision du film. Le résultat fut tellement brillant que nous avons décidé de poursuivre cette collaboration et de lui donner une chance de réaliser Paï."
Lorsque John Barnett entreprit de faire Paï, il savait qu'il lui faudrait trouver des appuis afin de pouvoir disposer d'un budget suffisant. C'est ainsi que Tim Sanders, producteur du Seigneur des anneaux : la communauté de l'anneau notamment, se joignit au projet en 2000. Il apporta son expérience des effets spéciaux et de la logistique d'une grosse production, exactement ce dont avait besoin John Barnett.
Paï a, en plus, bénéficié du tout nouveau New Zealand Production Fund, créé en 2000 par le gouvernement néo-zélandais en vue de soutenir des productions à gros budget. Au final, le budget du film s'est élevé à 6 millions de dollars néo-zélandais, soit à peu près 3 millions d'euros.
La jeune Keisha Castle-Hughes qui tient le rôle pivot du film a été dur à dénicher. Pour Niki Caro, il était essentiel de ne pas se tromper car tout l'équilibre du film repose sur le personnage de Paï.
"Je ne voulais pas d'une "petite actrice" mais d'une vraie fillette. Mais une fillette ne suffirait pas, il me fallait "la" fillette qui posséderait toutes les qualités du rôle sans en avoir nécessairement le look ni l'âge exacts. La directrice de casting Diana Rowan s'est révélée l'une de nos plus précieuses collaboratrices. Elle vit quelque 10 000 filles avant de retenir une douzaine de finalistes. Nous les avons alors réunies en atelier et fait travailler. Keisha Castle-Hughes se détachait nettement du lot. C'est une actrice étonnante, un vrai cadeau. Je n'arrive même pas à imaginer le film sans elle." Diana Rowan
Paï a été tourné entièrement à Whangara sur la côte est de la Nouvelle Zélande à 29 kilomètres de Gisborne, la première ville dans le monde où chaque jour se lève le soleil. Whangara est la ville natale de Witi Ihimaera, l'auteur de la nouvelle The Whale rider mais surtout le lieu où se déroule toute l'action de cette nouvelle.
Le producteur John Barnett explique: "Ca aurait été une hérésie de tourner ailleurs. Il y a énormément de descriptions physiques dans le livre sur l'ampleur de la baie, sur l'île dont la forme rappelle une baleine, sur les maisons adjacentes ou bien sûr sur les gens dont nous racontons l'histoire. La toute première fois que nous sommes allés sur place, il y a une petite dizaine d'années, c'était évident que c'était un endroit pour un faire un film. Si nous nous étions rendus ailleurs et avions essayé de recréer cet environnement et cette atmosphère, je pense, que nous n'aurions pas pu éviter une impression d'artifice. En fait, je crois que ce que nous avons capturé, c'est l'essence même de ce lieu."
Tim Sanders, un des producteurs de Paï et Witi Ihimaera, auteur de la nouvelle The Whale rider mais aussi producteur associé sur le film, entre autres ont tout de suite recherché l'appui de la communauté maorie locale. Ils savaient que sans son soutien le film serait impossible à faire. Tim Sanders a rencontré Hone Taumanu, le kaumatua, c'est à dire le doyen du village afin d'avoir cette aide si nécessaire. Finalement, tout s'est admirablement bien passé et le film a été tourné exactement à l'endroit même où la production le voulait.
D'ailleurs pour renforcer encore le caractère authentique de l'oeuvre, la plupart des rôles secondaires et des figurants sont des habitants de Whangara. Même si ils ne sont évidemment pas professionnels, ils ont contribué à créer l'ambiance de sincérité que la réalisatrice, Niki Caro, et toute son équipe voulait absolument obtenir.