Les plus utilesLes plus récentesMembres avec le plus de critiquesMembres avec le plus d'abonnés
Filtrer par :
Toutes les notes
Laszlo K.
24 critiques
Suivre son activité
5,0
Publiée le 31 mai 2024
Un film "qui vous hante", dit-on parfois. Un verbe qui s'applique pleinement à ce documentaire hors normes, tant par son histoire, bien évidemment, que par sa construction. D'abord, on ne comprend pas, on ne voit pas, on n'imagine pas. Impossible. Ensuite, on se dit qu'on a mal compris ce qu'on vient d'entendre. Puis la stupeur. Qui vous glace les sangs et vous laisse pétrifié longtemps encore après la vision du film.
Un documentaire aussi sidérant que captivant grâce notamment à un montage bien ficelé, qui évoque une sombre histoire de moeurs ayant défrayé la chronique aux États-Unis à la fin des années 80.
Il y a fort peu de réalisateurs à trôner sur un genre aussi protéiforme que le documentaire, en particulier ceux consacrés aux affaires criminelles. Mais si on devait en dresser une liste, le nom de Andrew Jarecki arriverait toujours dans le peloton de tête. La postérité retiendra peut-être plus facilement The Jinx (2015) qui fit l'effet d'un coup de tonnerre à sa diffusion et continue de faire l'objet d'une vive controverse sur les méthodes employées et sa finalité. Quoiqu'il en soit, résumer la carrière de de Jarecki à ce monument télévisuel serait insuffisant voire malhonnête. Derrière l'image de l'homme de spectacle profiteur et immoral que certains se plaisent à lui donner, il y a surtout l'observateur perspicace et anticonformiste qui amène son public dans l'inconnu. Et ce pacte, le cinéaste l'a passé en 2003 avec Capturing the Friedmans. Dans les grandes lignes et sans vouloir manquer de respect aux personnes impliquées, le récit du fait divers transformé en feuilleton policier national a tout du true-crime programmatique. Sauf que le documentaire adopte l'affaire...eh bien comme une affaire. Comprenez par là que nous avons accès à une grande variété de témoignages, de vidéos de famille (tournées pendant l'enquête et la procédure judiciaire), de données, de versions et d'éléments qui s'empilent et pourtant bien malin celui qui pourra trancher. Le film devient la traduction littérale de la marotte nietzschéenne "Il n'y a pas de faits, il n'y a que des interprétations". Plus on en apprend, moins on sait. Coupable de ceci ? Innocent de cela ? Nous dit-on la vérité ? Il y a t-il dissimulation ? Invention ? Distorsion ? Et si c'est le cas, est-ce conscient ou volontaire ? Plus encore, il s'agit de la dissection d'une communauté régie par l'apparence menée aux portes de la folie sitôt qu'un membre révèle son vrai (?) visage. Vous n'êtes pas au bout de vos peines avec Capturing the Friedmans, le but est justement de vous mettre dans la position d'un juré obligé d'assimiler une masse d'informations parfois contradictoires pour se faire une opinion. Chaque protagoniste se pare d'une double-facette, instillant l'empathie et le doute comme autant de nouvelles questions enroulées dans une énigme déjà bien coriace. Il n'est pas impossible qu'on finisse par rendre les armes, devant l'ampleur de la tâche. Le premier mérite de l'œuvre est là : vous obliger à ployer le genou et faire acte d'humilité dans cette quête (perdue d'avance?) pour la vérité.
Enfin ! Un documentaire correctement filmé ! Techniquement parlant : format cinéma, les images sont nettes et le son correct. Extrêmement intéressant, puisqu'à la fin du film, on est pas plus avancé, on a au moins l'impression de n'être pas seulement spectateur, mais presque membre du jury. Avec tous les doutes et les problèmes impossibles à résoudre. La plupart des points de vues sont abordés, toutes les hypothèses sont expliquées avec les acteurs du drame ou de l'enquête qui en disent long sur la rigueur scientifique et psychologique de l'être humain en général. La somme de vidéos familiale et le côté "Real TV" de cette famille équipée en "caméscopes" dès 1950 permettent de dissocier les impressions et les données du discours 20 ans plus tard. Et ce n'est pas le moindre intérêt de ce documentaire qui tire vers le cinéma. Fait en tout cas froid dans le dos.
Excellent documentaire. Le simple fait d'ètre soupçonné de pédophilie peut ruiner votre vie, disait une protagoniste du film. On voit à quel point. Aucune réponse n'est donnée dans le film quand a la culpabilité des deux Friedman, c'est au spectacteur de se faire une opinion (même si on sent très nettement quelle est celle du cinéaste :). Captivant et bouleversant.
Un documentaire glaçant qui laisse pantois tant l'on perd pied face à cette famille entre névrose et hystérie qui demeurent aussi insaisissable que la vérité sur cette affaire. C'est la grande force de ce documentaire mais aussi d'une certaine manière sa limite.
Fabuleuse chronique d'une famille prise dans un fait divers particulièrement sordide. Le film comprend une bonne part d'archives vidéo personnelles de cette famille. Cette façon de s'autofilmer et de se mettre en scène finissant par donner une allure quasi fictionnelle au documentaire tout en y instaurant un profond malaise pour le spectateur ... à voir, mais en ayant l'estomac bien accroché ...