Be Cool
Un film de F. Gary Gray
Une petite dizaine d’années après sa première apparition dans les salles obscures, Chili Palmer nous revient dans une forme olympique. Après s’être intéressé à l’univers du Septième Art, il tente aujourd’hui de se faire un nom parmi les requins de l’industrie du disque.
Dans le Get Shorty de Barry Sonnenfeld, nous faisions la connaissance de ce curieux personnage qu’était Chili Palmer. Homme de main d’un féroce prêteur sur gages, Chili Palmer était un malfrat aussi efficace qu’atypique. A l’occasion d’une « affaire » à régler sur la Côte Ouest des Etats-Unis, il trouvait alors l’opportunité de satisfaire un intérêt sincère pour le monde du cinéma. Au travers de rencontres à la fois riches et dangereuses, Chili allait peut-être trouver là l’occasion d’intégrer le milieu des producteurs hollywoodiens. Avec John Travolta dans la peau du bandit cinéphile, la ballade fut plaisante, d’autant plus qu’elle nous permit de croiser les chemins de Dennis Farina, René Russo, James Gandolfini, Gene Hackmann et Danny DeVito, pour ne citer que les personnages principaux.
La galerie de Be Cool n’est pas en reste, puisqu’on retrouve aux côtés de John Travolta, Danny DeVito et Harvey Keitel (entrevu dans Get Shorty), des nouveaux venus aussi prometteurs qu’Uma Thurman, The Rock, Vince Vaughn, Steven Tyler et bien d’autres encore. Il est ici question de meurtre, de mafia, et surtout du microcosme impitoyable de la chanson.
Le roi de la « cool attitude » qu’est Chili Palmer trouvera dans le vaste domaine de la chanson toute la complexité à laquelle son ingénieux cerveau aspire. Manipulateur, ses accointances passées avec le milieu de la pègre lui seront d’une grande utilité, lui permettant d’éviter de nombreux faux pas. Car les traquenards dans lesquels il aura à se débattre fuseront de toutes parts, renforçant l’impression d’assister à une succession de sketchs un peu trop colorés.
C’est en effet le point faible principal du film. Vouloir trop en faire, au risque de paraître superficiel. On a ainsi un peu parfois le sentiment de tourner en rond, une sensation qui ne serait pas désagréable si elle ne nous renvoyait pas à certaines invraisemblances.
Basé une fois encore sur une histoire d’Elmore Leonard, le film ne permet pas de se concentrer sur tel ou tel personnage. On le regrettera, tant la galerie est impressionnante, colorée, composée d’êtres alternativement effrayants et ridicules (à ce sujet, il convient de saluer le travail effectué par Vince Vaughn sur son personnage, travail qui renvoie à celui de The Rock).
Mais ne boudons cependant pas notre plaisir. Ce Be Cool est probablement plus éparpillé et moins noir que son prédécesseur, il ne nous en donne pas moins le plaisir d’assister à la prestation d’un John Travolta des bons jours. Que dire de plus, si ce n’est que le metteur en scène a en plus saisi là l’opportunité de nous rejouer la scène de danse de Pulp Fiction, et que cela donne l’occasion aux comédiens de se livrer à un clin d’œil tout en mélancolie, un clin d’œil qui n’a rien d’artificiel. Un divertissement agréable, qui devrait susciter l’envie de se projeter à nouveau le Get Sorty de 1995.