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Misoramengasuki
63 abonnés
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2,0
Publiée le 28 mai 2014
Fritz Lang est un réalisateur expérimenté quand il tourne "La Rue rouge", et son savoir-faire est évident. Pour autant, on n'est guère captivé. Edward G. Robinson est comme toujours impeccable, mais le loser qu'il incarne n'est psychologiquement guère crédible (surtout dans le final), et surtout d'une bêtise telle qu'on finit par se détacher de lui. Joan Bennett, à l'inverse, est simplement méchante: sa gouaille new-yorkaise ne sait pas exprimer la perversité du rôle. Dan Duryea est un gigolo caricatural, assez sympa mais qui en fait trop. Si on ajoute une histoire assez peu croyable, qui oscille entre le vaudeville, le film policier et le drame psychologique et qui repose sur la supposée "valeur" de toiles vraiment très laides... on se dit qu'on a affaire à une curiosité, sans plus.
Le film forme un parfait diptyque avec « La femme au portrait », puisqu’on retrouve l’excellent Edward G. Robinson pris au piège d’une nouvelle machination amoureuse et de nouveau rongé par les affres de la culpabilité. Mais le ton est beaucoup plus noir ici, voir cynique, par la cruauté de la fable comme par le scalpel avec lequel Lang décortique ses personnages. Personne n’est épargné : vanité du héros qui s’aveugle lui-même (sa rencontre avec la sublime Joan Bennett tient du fantasme et de la réinterprétation du réel) et vils manœuvres du couple d’escrocs. Les rapports humains sont mis à nu par Lang dans toutes leurs petitesses, et pourtant, chacun préserve en lui une part d’innocence, chacun rêve d’un ailleurs et s’illusionne encore d’un amour que l’on sait factice. Cette dimension tragique est la grande force du film, elle lui donne une ampleur métaphysique renforcée par un final expiatoire particulièrement poignant. La réussite tient aussi beaucoup sur la mise en scène de Lang qui retrouve avec bonheur la pouvoir d’évocation de l’expressionnisme, poussé jusqu’à ses limites dans la dernière partie qui vire au cauchemar. Implacable sur le fond et aiguisé dans la forme : un grand Fritz Lang.
Un film qui, en somme d’avoir de bons acteurs et une mise en scène aussi sobre qu’efficace, contient une bonne poignée de qualités. Une histoire intéressante, qui permet également de réfléchir un peu sur l’art et le talent, puisqu’évidemment notre héros timide, interprété à merveille par Edward Robinson qui a vraiment la tête de l’emploi (on croit vraiment à son personnage fasciné par cette femme), a bien plus de talent que quiconque dans la peinture. J’aime beaucoup le début, la ville sous la pluie, la rencontre fortuite entre les deux personnages ; ainsi que la fin qui est vraiment belle, avec une utilisation plus qu’intéressante du son et des voix en off. Mais le reste du film n’est pas en reste (sic), c’est vraiment bien, agréable à suivre, et finement écrit. Je ne pense pas avoir quoi que ce soit à reprocher, même en y réfléchissant, c’est vraiment un plaisir de regarder ce film. Et la fin, montrant la culpabilité du héros est vraiment belle. Non sérieusement, que demander de plus ? Même si j’avoue avoir préféré M la maudit du même réalisateur, mais ce n’est pas vraiment la même atmosphère. Enfin c’est tout à fait bien foutu, on aurait tort de s’en priver.
Un film noir de Fritz Lang qui constitue une variante de son chef d’oeuvre "La Femme au Portrait", tourné un an plus tôt. Une réalisation qui reprend les mêmes thèmes et qui bénéficie elle aussi du génie et du pessimisme du réalisateur, au travers d'une écriture et d'une mise en scène de qualité. De plus, Edward G. Robinson y est tout aussi magistral. Malgré tout, au final, le film parait plus prévisible, moins original et créatif que son prédécesseur.
je n'ai pas beaucoup aimé le jeu d'acteurs très théâtral. Il n'y a que Edward G Robinson qui est bon dans son rôle parmi les rôle principaux. Sinon l'histoire en elle même n'est pas mal. Je pense qu'un remake de nos jours valoriserait l'original que je trouve un tantinet sketch.
Sans doute un des meilleurs film de fritz lang de sa période américaine. On peut peut etre critiquer le retour de l'ex maris de sa femme, mort quelques année auparavant, faisant son retour miraculeusement et de manière vraiment téléphoné. Mais sinon exellent film, il a manqué quelques ingrédient pour que se soit un chef d'oeuvre.
La Rue rouge tient à la fois du remake de La Chienne, de Jean Renoir (qui a peu apprécié cette nouvelle version), et de la déclinaison du film précédent de Fritz Lang, Le Femme au portrait (1944), dont il reprend les grands thèmes et les acteurs principaux (Edward G. Robinson, Joan Bennett et Dan Duryea). Inventivité relative ? Exploitation opportuniste d'un bon filon ? Ces écueils, ou craintes légitimes, sont étonnamment dépassés. Le résultat est excellent. Avec, à la clé, le portrait mémorable d'un homme faible et naïf, soumis à son amante (dans Lolita, Kubrick se souviendra de la scène où Christopher peint les ongles de pied de Kitty). Edward G. Robinson, en loser impuissant, est exceptionnel. Côté dramatique, le développement de la manipulation et de la tromperie trouve un double écho : en amour, d'abord, et en art pour couronner le tout. Double raison pour un meurtre et double ironie finale. Le scénario, pathétique et cruel, complètement immoral, s'avère d'une grande intelligence. Et la mise en scène, d'une précision et d'une malice implacables. Grand film noir.
Hypocrisie, cupidité, abandon de soit, une panoplie de sentiments dans un drame sombre, où l'on sent s'enfoncer doucement son protagoniste dans une spirale maléfique. Le film est très bien amené, sans précipitation, sans effet de manche, mathématiquement, un film construit tout en intelligence, la justice est rendue d'une manière ou d'une autre, et où, dans ses années 40, il était de bon ton de dire que le crime ne paie pas.
Ce film constituerait une énième version de "La Chienne" de Renoir pour ce qui est de la mise en place. Lang se reconnaît immédiatement avec son ironie venue des tréfonds. A peine quelques signes à l'image, l'étau s'ébauche, ce héros à voix douce, vanté par son supérieur a une trop bonne tête... Le pot de travail est écourté par la vision éclair d'une créature qui émoustille les fêtards. Voici deux hommes quittant l'entreprise dont ce débonnaire caissier qu'une épouse acariâtre tient en tenaille. Soudain la caméra fonce sur une femme à terre. Son imperméable bon marché allié à d'autres détails précise déjà ses goûts. Le spectateur qui croit deviner l'issue n'a pas fini d'être baladé entre cette grande bringue et son comparse sans scrupules. Bassesses de la chair et argent-roi, le vertige fatal. Cette oeuvre ciselée de 1945 est pur délice en 2012 !
Comme pour M le Maudit, Fritz Lang bouscule notre morale en nous interrogeant sur la culpabilité mais avec le cheminement inverse. On est d'abord rempli d'empathie pour cette homme bon mais aveuglé (magnifiquement interprété par Edward G. Robinson) et toute notre haine va vers cette femme et son compagnon qui exploitent sans remord (ou presque) notre héros. On en vient à souhaiter ce qui arrive, et Fritz Lang ne nous trompe pas, il exauce ce voeu inavouable. Oui mais voilà, et après? C'est toute la dimension du film qui nous plonge avec le héros dans cette spirale cauchemardesque qui finira par avoir raison de lui. Le génie du film est de développer en nous, grâce à notre point de vue omniscient, ce désir vengeur et sanguinaire, et d'ensuite nous placer face au crime commis, face à la faute, et au jugement que l'on se fait à soi-même. Là est toute la réussite de ce film profondément pessimiste.
Tout juste précédé de "Double Indemnity" de Billy Wilder et préparant la venue de "Angel face" d'Otto Preminger "Scarlet street" remake de la chienne de Jean Renoir respecte son modèle au plus près dans une étude de cas assez réussie sur la machination et son acceptation de la part d'un personnage médiocre et naïf perdant toute lucidité devant une créature sublime mais vénale masquant à peine ses pôles d’intérêts malhonnêtes dans un cynisme non perçu par un individu insignifiant persuadé d'avoir été ciblé rien que pour lui-même.
A la différence des physiques plus aboutis de Fred Mac Murray et de Robert Mitchum, Edward G Robinson détient une morphologie ingrate et de petite taille. Un constat devant suffire à un esprit ne répondant pas à des critères d'attirances à rester conscient en refusant de valider ce qui ne peut être.
Et pourtant il n'en est rien, l'homme dans un sursaut prétentieux et revanchard plonge corps et âme dans ce qui va le détruire en le poussant au crime et à la déchéance suite à la découverte de son infortune.
"Scarlet street" restitue parfaitement un mécanisme implacable de destruction dans un jeu dont les règles fusionnent une perversité à peine voilée rejetée volontairement ou non par un personnage anodin aveuglé par sa passion.
Ceci répond à un des courants cinématographiques américains de ces années quarante consistant à montrer la femme autonome ou sous influence comme une machine de guerre sans pitié fondant sur une proie représentrant l'objectif à atteindre.
Film noir mais aux élans parfois de drame. Les thèmes habituels de Fritz Lang sont présents. La réalisation est moins créative que dans d'autres oeuvres du cinéaste mais tout de même réussie. Scénario qui mêle pas mal de petites intrigues qui se trouvent à la fin liées (les tableaux, la mort du premier mari, le vol à la banque, ...). Vraiment une grande qualité d'écriture.
Remake de La chienne de Renoir, dont Fritz Lang fait un film très personnel centré sur sont thème préféré : la culpabilité. Le film commence comme une comédie noire, la rencontre de Chris et de Kitty étant placée sous le signe de l'ironie. Puis l'intrigue progresse et, même s'il faut se pincer un peu pour croire aux personnages (Joan Bennet surjoue légèrement...), la fluidité de la mise en scène nous fait néanmoins adhérer à cette mécanique implacable. Enfin, le réalisateur renoue dans le dernier tiers avec une veine expressionniste et un orinisme cauchemardesque pour nous décrire la torture morale de Chris. Reste un beau film, où l'on retient le brio de la mise en scène de Lang, son art pour constuire un récit et, surtout, ce pessimisme implacable qui imprègne toute son oeuvre. Ici, ce n'est pas seulement l'histoire d'un homme faible manipulé par une vamp, mais de trois êtres que l'aveuglement, voir la bêtise, conduisent à la déchéance.