Le thème chéri de tous ces romanciers, poètes, cinéastes et autant de scientifiques et de médecins : la folie. Comment et quand on y succombe.
Parmi tous les rôles de folles, d'hystériques, de névrosées, de femmes dépassés que son maître lui a donné au Cinéma, on ne parvient pas à déterminer lequel Liv Ullmann interpréta avec le plus de justesse, de finesse et de force.
Affectionnant les éprouvantes confessions de ses personnages (féminins la plupart du temps) devant un décor inexistant, face à la caméra, Bergman en fait l'un de ses meilleurs : Dr Jenny Isaksson, psychiatre réputée, qui avoue après une heure et demi de film son enfance, ses contrariétés. Après les femmes de Persona, de Cris et chuchotements, et d'autres encore, elle rejette son âme tourmentée, qui souffre tant. Comment en est-elle arrivée là ? Une introduction si tranquille, une villa désertée, baignée dans la lumière de Sven Nykvist. Jenny rencontre des malades, noue de nouvelles relations, s'interroge. Et petit à petit, à ses interrogations succède une détresse alarmante, due aux hallucinations qui se multiplient, à sa relation compliquée avec un homosexuel, elle, mariée, mère, irréprochable, médecin réputée. Alors un beau dimanche matin, tandis que sonne l'appel de la messe, obéissant à une sorte de pulsion de l'esprit ("je n'ai pas peur", dit-elle les mains tremblantes), elle entre dans le chemin de la mort. Mais non, on la rattrape de justesse alors qu'elle vient de s'y engager.
Dès lors, des spectres dans ses rêves, plus morte que vive, Jenny tente de se retrouver.
Après sa convalescence, elle est guérie. Mais peut-on guérir un être que la mort a déjà visité ?