Quand on découvre pour la toute première fois "Charlie et la chocolaterie", on se dit que ce film est tout droit sorti de l’imagination débordante d’un camé mégalomane paranoïaque féru de gourmandise comme pas deux. Eh bien non ! enfin peut-être un petit peu… En réalité, "Charlie et la chocolaterie" n’est ni plus ni moins qu’une adaptation de l’œuvre éponyme de Roald Dahl, soi-disant un classique de la littérature pour enfants. Entre nous, j’ai beau compter 45 piges, je n’en ai jamais entendu parler. Bref ! Si l’approche contesque rappelle un peu celle d’"Edward aux mains d’argent", nous tenons ici sans doute l’œuvre la plus colorée et la plus barrée de Tim Burton. Du moins je crois, vu que je ne connais pas l’intégralité de sa filmographie. Mais au moins, il a son propre style qui fait de lui l’un des maîtres du fantastique. Et rien que pour ça, on ne peut que le reconnaître comme un grand réalisateur, même si quelques rares ratés font tâche dans sa vidéothèque (je pense notamment à "La planète des singes"). Je disais donc que je ne connaissais pas l’œuvre littéraire, mais je ne peux m’empêcher de penser que l’adaptation cinématographique était loin d’être aisée. Au vu de ma note, vous comprendrez facilement que je n’ai pas aimé, non pas l'adaptation, mais tout simplement ce film. Eh bien je n’ai effectivement pas aimé, parce que je n'ai pas aimé son univers si particulier (proche de celui du film d'animation "Alice aux pays des merveilles"), et pourtant je ne dois reconnaître à ce film que des qualités. C’est là que réside mon plus grand paradoxe. Comme quoi, les goûts et les couleurs, hein… D’abord, "Charlie et la chocolaterie" nous est présenté comme un conte. Peut-être que ça en est un à la base, au-delà d’un livre présenté comme un roman pour enfants. Avoir gardé cette approche me semble être une bonne idée, car cela permet au spectateur de mieux entrer dans un univers fantastique pour le moins fantaisiste au possible. Ensuite il y a l’interprétation de l’inévitable Johnny Depp, que j’aurai eu grande peine à reconnaître si il n’y avait pas eu ce flash-back dans la jungle. Il est stratosphérique, et je le soupçonne même d’avoir pris un malin plaisir à retomber en enfance le temps du tournage. Le pire est qu’il semble avoir bien compris la psychologie du personnage, certainement aidé par une tenue, coupe de cheveu et maquillage aussi excentriques que le personnage en lui-même. Alors je dis quel talent ! Un talent qui nous émerveille, provoquant notre regard admiratif qui se prolonge jusque dans les yeux de Charlie, interprété par un Freddie Highmore apparemment aussi contemplatif que nous, lui faisant vivre au même titre que nous un rêve aussi bizarre qu’il peut l’être. Et puis on garde aussi une petite pensée émue pour le grand-père, résolument attachant. Si le premier quart d’heure me semble d’une inébranlable perfection, j’ai été rapidement désarçonné par la présentation des différents personnages que nous sommes invités à suivre, dont le trait de caractère qui les marque le plus semble exagéré à outrance, voire caricatural. Le tour de force est que ces traits vont être traités les uns après les autres l’air de rien, par le biais de faits mais aussi par quelques répliques si succulentes qu’elles prêtent à sourire, y compris chez le spectateur le moins en dedans. La gourmandise en fait partie bien sûr, mais aussi quelques vilains défauts que je vous laisse le soin de découvrir. Et c’est justement ce côté moraliste qui sauve le film du nanar auprès de gens qui n’aiment pas ce film comme moi, en prônant le maintien des valeurs familiales. Comme le dit l’internaute cinéphile Powerking-Les Chroniques du cinéphile, "Charlie et la chocolaterie" a beau être une fiction, son message est pour le moins évocateur, dans une qualité visuelle si chère au cinéaste et toujours aussi confondante. A cela vous rajoutez une excellente création de Danny Elfman, dont le thème principal colle si bien au film qu’on n’imagine pas les dissocier. Alors désolé de donner une telle note à ce film qui mérite bien plus, mais quand on n'adhère pas vraiment à ce genre d'univers...