M. Night Shyamalan, avant d'être un cinéaste, se distingue avant tout comme un prestidigitateur des foires, un illusionniste de cabaret. Rien de péjoratif dans ces termes destinés à décrire l'oeuvre du bonhomme, rendu célèbre pour Le sixième Sens, film qui déjà renfermait l'essence de son cinéma.
Quelle est cette fameuse substance justement? Et bien il s'agît tout simplement de l'art de tromper, de berner le spectateur par la "réalité factice" des images défilant sous ses yeux, c'est de la filouterie narrative que le réalisateur s'amuse à faire jaillir en temps voulu à la gueule du client comme une vulgaire évidence que ce dernier n'aurait pas été capable de voir.
Le concept du "Mind-fuck" demeure intéressant, car il a cette capacité de nous montrer le pouvoir des images, du montage, la puissance manipulatrice du cinéma est définie à travers ce procédé.
Le Village met donc en scène une communauté isolée du reste du monde, qui semble nager dans une utopie qui perdure grâce à des règles éthiques bien précises. Seulement, tout n'est pas rose dans ce petit patelin, puisqu'il semblerait qu'une menace venant des bois les entourant, ne leur permet pas de quitter l'endroit.
A partir de ce synopsis de base, Shyamalan engrène sa mécanique. Au spectateur de jouer au jeu du vrai et du faux, de déceler le mensonge de la vérité au sein de ce village plein de secrets. Le choix du réalisateur consistant à tourner son film en longs plans-séquence n'est pas anodin. Certes, ce schème stylistique témoigne d'une certaine maestria, mais il est également utilisé afin de renforcé l'aspect théâtral du métrage, ce qui accentue la sensation claustrophobique du huit-clos.
Malheureusement, ce jeu subtil des apparences, n'est au final pas si subtil que cela. Très vite, on devine la configuration du canevas scénaristique, donc peu de surprise à ce niveau qui paraît facile et faible par rapport à ce que Shyamalan a pu faire.
Ensuite, l'autre gros point faible du film, se situe du côté de la mauvaise exploitation d'un sujet attrayant. Cette petite communauté idéaliste était l'occasion rêvée d'évoquer un sujet sociologique fascinant, (attention spoiler) celui de l'ermitage, du cloisonnement pour fuir une société écœurante, de la reconstruction d'un modèle de vie idéal, de sa pacification, etc... Or le film, bien qu'il aborde vaguement ce thème, préfère ce raccrocher à la matière plus hollywoodienne du filon, exhibe un point de vue plus spectaculaire, préférant l'action et le suspense à la réflexion. Un mixte des deux aurait été possible.
En résumé, un peu comme Danny Boyle le fait de façon récurrente, Shyamalan part avec plusieurs bonnes idées, mais peine à en absorber leur substance. On reste ainsi sur notre faim.