M. Night Shyamalan est un drôle de personnage. Et il est assez facile de comprendre en quoi ce qu'il fait peut diviser au point de créer un panel d'avis allant de l'adoration absolue à la haine la plus totale, ou alors laisser très indifférent, dubitatif, partagé (ce qui est mon cas, pour Le Village tout au moins.
Le cinéma de Shyamalan se rapproche du domaine de l'enfance dans le sens où, au final, ses films sont des contes dans lesquels il faut accepter de se faire berner du début à la fin (ce qui est sans doute beaucoup plus facile pour les enfants que pour nous.) Les films de Shyamalan sont des contes modernes pour adultes (avec au programme créatures surnaturelles, histoire suivant un déroulement logique et, à la fin, morale sur notre société actuelle.) Des contes pour adultes particulièrement bien racontés. En effet, Shyamalan a indéniablement l'art d'utiliser une caméra pour raconter des histoires. C'est un conteur sachant également très bien comment instaurer un univers, une ambiance. Comme dans un conte, même si l'on ne s'en aperçoit pas forcément sur le moment, ses scènes ne sont jamais gratuites et servent toujours à faire avancer l'histoire qu'il a derrière la tête.
Tout cela est un bien beau programme, encore faut-il accrocher à la bizarrerie de la chose. Par exemple, il est assez frustrant de se rendre compte qu'à aucun moment le film ne nous laisse véritablement le luxe de pénétrer à 100% dans son univers. En effet, la phase d'exposition dure déjà un certain moment, puis, vers le milieu du film, tout se déroule à 100 à l'heure et enfin, à environ une demi-heure de la fin, on enchaîne sans répit twist sur twist. Certes, ces derniers servent tous à amener le gros twist final, mais cela fait qu'à aucun moment le spectateur n'aura véritablement eu le luxe d'apprécier pendant au moins un certain temps les situations proposées.
Au final, Le Village est incontestablement un film intéressant et intelligent dans sa construction mais, contrairement à ses prédécesseurs Sixième Sens, Incassable et Signes (films que j'avais beaucoup apprécié), souffre à un certain niveau d'un gros problème de narration (ce qui est dommage car c'est, donc, ce que Shyamalan sait habituellement faire de mieux.) Forcé de constater que plus on avance dans le temps et moins j'accroche au travail de Shyamalan (La Jeune fille de l'eau, deux ans après, me sera encore plus détestable.)