Le jeu affecté et contorsionné de Marlon Brando qui prétendait à chaque scène nous faire croire qu'il se mettait dans la peau du personnage ne passe plus aujourd’hui. Dans le film d'Edward Dmytryk The Young Lions (Le Bal des maudits 1958) c'est encore pire que dans Sur les quais (Kazan 54) : on ne croit pas une seconde à son rôle de soldat allemand de 1938 plus ou moins pro-nazi et plus où moins tourmenté par une sorte de pacifisme immature. Entièrement dans le plus-ou-moins, Brando n'est jamais net : il fait les yeux doux à tout le monde, fait suinter sa voix douceureuse ( voix catastrophique comme on le voit maintenant VO, indispensable) et croit qu'avec ses insignes de lieutenants de taille trois fois supérieurs aux insignes réels de la Wehrmacht (comme il les a demandés), il va séduire tout le monde : touriste américaine, officiers, soldats, Françaises qui se mettent très complaisamment à la disposition de l'ennemi. Mais cette drague générale répugne au spectateur.
C'est une petite critique par rapport aux suivantes : Dean Martin "joue" ridiculement un chanteur couard qui refuse de s'engager. Quand Minnelli cadrait Dean Martin au maximum comme partenaire de jeu de Sinatra dans Some Came Running (58 aussi), ça passait. Ici, laissé à lui-même, il est dérisoire : on rit à peine de ses mimiques ; on est gêné par son incompétence.
C'est encore plus grave avec Montgomery Clift; il a toujours été le pire élève de l'Actor's Studio. Ses œillades exagérées, ses contorsions, sa démarche voûtée veulent imiter l'emplyé puis le soldat en proie à l'antisémitisme. C'est totalement caricatural.
Ajoutons à ces terribles performances un scénario sans queue ni tête de trois heures (!!) comportant deux histoires indépendantes (du côté américain et du côté allemand), des séquences sans rapport les unes avec les autres, coupées et montée au hasard, une musique lourdingue, un filmage éléphantesque, des erreurs techniques et historiques nombreuses (des résistants français arrêtent les Allemands en 1940 !!, le bocage normand traversé de canaux, juin 44 comme une promenade) et surtout l'usage aberrant de la langue anglaise (les Allemands et les Français parlent un anglais parfait entre eux), vous aurez un des pires navets d'Hollywood version années 50. A éviter s'il passe à la Télévision.
(NB : on peut sauver de justesse Hope Lange, comédienne parfaite célèbre aux USA pour sa beauté émouvante son rôle dans Peyton Place)