"I'm not there" ou les six vies de Bob Dylan. "I'm not there" ou la multiplication insensée de vies en une, comme si chaque personnage à l'écran, malgré son nom et son apparence, second rôle ou figurant, ne cachait pas sa part de Bob Dylan. D'ailleurs, à en croire le réalisateur, nous sommes tous des Bob Dylan. En fait, le film de Todd Haynes part d'une idée tout à fait géniale, qui consiste à suivre l'artiste dans plusieurs formes de personnages qu'il incarnait, de ne pas filmer sa vie dans son courant comme ont pu le faire les biopics sur Ray Charles ou Johnny Cash (efficaces pourtant), mais de la transcender de façon complètement abstraite, filmant des idées de lui-même plus que des incarnations à proprement parler. Mais, malheureusement, le film coule sous une overdose d'admiration, et se noie dans l'exagération profonde. Bob Dylan devient tellement une icône dans le film, même si c'est tout ce que le cinéaste s'emploie à éviter, qu'on se demande s'il n'est pas pris pour Dieu. Le film remet donc en cause la notion d'admiration : en admettant que l'artiste soit génial dans ses performances et son implication, est-ce donc la peine d'accepter la drogue à l'image (partie intégrante de son personnage, ici), de ne pas réagir au nom du génie quand Todd Haynes se fait un plaisir à rendre beau un Bob Dylan défoncé? Avec cette complaisance-là, tout passe, tout est génial, son enfoncement dans la drogue ne serait que le fruit avarié d'une vie conjuguale en travaux, tout est pardonnable, puisque l'homme est un génie. Un peu facile. De plus, il semblerait qu'à force, Todd Haynes en fasse un peu trop avec son idole ; de là à comparer chacun de nous à Bob Dylan par pure adulation du personnage, il y a exagération. De là à dire qu'il fût le plus grand génie de tous les temps et de le filmer de cette sorte, est un esprit de subjectivité agaçante car elle ne transmet en rien la force du personnage : effectivement, le réalisateur semble tombé tellement amoureux de Dylan, qu'il s'e