Bon, ce film a pour moi un souci, pas négligeable, et qui je crois explique les impressions mitigées qu’il suscite : il n’a pas su choisir entre le sérieux et la comédie. C’est assez évident lorsqu’on voit le décalage entre certains passages (la scène d’ouverture, le final), sérieux, et parfois violents sur le plan émotionnel dans le fil du film, et d’autres qui virent clairement à la comédie, dans les dialogues ou dans certaines scènes d’action et même dans l’attitude de Hauer, finalement très gentil à plusieurs reprises. Il y a aussi quelques invraisemblances dans l’histoire (dans le final on s’en rend compte à plusieurs reprises), mais à la limite ce n’est pas si problématique, car les hésitations de ce film sont problématiques. On a du mal à y voir une vraie version américanisée de Zatoïchi, à cause de la dimension presque « enfantine » de certains passages, et inversement, les passages plus durs décommandent ce film pour un public plus jeune adepte d’un Ninja Kid par exemple.
Reste un rythme pas désagréable avec quelques scènes d’action sympathiques bien que peu nombreuses finalement, ou plutôt courtes, pour une histoire conventionnelle mais pas trop mauvaise non plus. Noyce mène assez bien son récit sur ce point.
Le réalisateur justement livre ici son premier film vraiment connu. Blind Fury laisse envisager un réalisateur avec du potentiel, mais que je continue de trouver assez limité dans les scènes d’action avec lesquelles il a du mal (je l’avais noté dans Salt aussi). C’est impersonnel, souvent assez fade. Il est finalement plus doué pour chercher les regards, les sourire, donner du volume à ses acteurs, et il y a quand même une certaine nervosité dans la réalisation qui ne déplait pas. Esthétiquement le film reproduit un peu les hésitations de l’histoire. D’un côté décor urbain, photographie lumineuse, dans une tonalité qui rappelle davantage les films pour ados, tandis que le début et la fin sont plus sombre, plus glauque aussi, et dans les décors et la photographie se rapprochent plus d’un film d’action de série B. La bande son est dynamique mais attendue.
Le casting est donc emmené par Rutger Hauer, qui reste un atout. Il livre une honorable prestation, jouant sur sa présence solide, son charisme, et il reste sobre. Autour de lui peu d’acteurs connus si ce n’est dans quelques seconds rôles (on reconnaitra brièvement d’ailleurs le réalisateur David R. Ellis sur la fin), et, aux côtés de Hauer, Brandon Call et Terry O’Quinn. Tous deux plutôt bons, Call m’a agréablement surpris. Les personnages restent assez clichés, surtout chez les méchants, et Hauer hérite d’un rôle qui n’a pas du tout la dimension du Zatoïchi original, c’est clair !
Pour ma part, si l’on ne veut pas être déçu par ce métrage il faut le prendre d’entrée de jeu comme une sorte de comédie d’action. Sinon, c’est clair que la moue va vite se dessiner ! Ce n’est pas indigeste, mais ce n’est pas mémorable non plus. 2.5