On ne peut qu'adhérer aux considérations éclairées et humanistes de Cayatte. Sans réfuter, bien sûr, la nécéssité d'une justice, le cinéaste, ancien avocat, dénonce ici la méthode du jury populaire dans les procès d'assises. L'intime conviction qu'on demande au juré est, selon lui, une aberration et, sous couvert de démocratie, le procédé le moins objectif qui soit pour rendre la justice; une thématique qu'on retrouvera de façon plus condensée dans le passable "Verdict" du même Cayatte réalisé quelque 24 années plus tard.
Pour illustrer son propos, le réalisateur alterne les scènes de procès, où l'on juge une jeune femme ayant pratiqué l'euthanasie et, entre les audiences, des moments intimes des sept jurés de nature à influencer leur vote. La démonstration est évidente, de bon sens...et démonstrative. C'est la faiblese du film que d'user d'un procédé dramatique trop vu peut-être, et c'est le risque du film à thèse, aussi légitime soit-elle, que d'être partial et schématique. Par ailleurs, le cas d'Elsa Lundestein, criminelle par générosité, ne sert pas forcément la cause de Cayatte; son innocence, au moins morale, est flagrante, bien que son cas divise progressistes et conservateurs. L'accusée eut commis le pire méfait et le drame, le débat prenaient un tour plus délicat. Quoiqu'on en pense, on retrouvera dans le film d'excellents acteurs, incarnant la France dans toute sa diversité de moeurs et d'opinions, parmi lesquels Marcel Pérès en paysan fruste et Noël Roquevert dans sa composition récurrente d'un vieux militaire borné.