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inspecteur morvandieu
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2,0
Publiée le 6 août 2024
Si Emile Couzinet n'existait pas, il faudrait l'inventer! Les titres de ses nanars sont déjà tout un programme et je n'y résiste pas. Adaptée d'une pièce de Labiche, la comédie de Couzinet raconte les mésaventures d'un groupe de joueurs de belote de La Ferté-Sous-Jouarre (cela précisé parce qu'ils n'en sont pas peu fiers) qui ont décidé de dépenser enfin leur cagnotte en faisant la fête à Paris. De la capitale, Lucien Baroux et ses amis ne verront pas grand'chose et la bringue prévue prend très vite un tour imprévu... Le sujet n'est d'aucun intérêt et parait s'amuser des provinciaux en goguette. Peut-être faut-il y voir une satire de la province et de ses habitants, vus ici, disons-le, à travers les contrariétés et incidents de leur séjour, comme des péquenots. En réalité, ils ne sont pas tant crétins que candides, et c'est ce qui fait le charme désarmant des compositions des Lucien Baroux, Milly Mathis et autre Pierre Larquey. On pardonne vonlontiers à ce dernier des jeux de mots calamiteux ("les Catacombes sont pleins de rats, dis"...) auquel son personnage est préposé. On s'amusera aussi de la facilité avec laquelle les quelques personnages de la comédie se retrouvent hasardeusement dans Paris (dont on ne voit d'ailleurs aucun lieu)...Un bon moment pour les amateurs de nanars joués avec conviction.
Trois Jours de bringue à Paris célèbre les bonnes valeurs du peuple français, à savoir le plaisir d’être ensemble, réunis autour d’un jeu de cartes ou d’un bon repas, et de profiter de la cagnotte élaborée jour après jour, partie après partie, en quittant sa chère province pour gagner Paris. En cela, le film d’Émile Couzinet, adaptation de la pièce La Cagnotte d’Eugène Labiche, manifeste-t-il une bonhomie qui gagne progressivement le spectateur inclus malgré lui dans ces amitiés extravagantes et vulgaires, au sens de populaires. Si la mise en scène reste fonctionnelle, c’est-à-dire au stade de la simple illustration, il faut bien reconnaître l’efficacité rythmique de certaines séquences, en particulier celle du restaurant, point de départ des quiproquos et satire cinglante – que l’on doit essentiellement au dramaturge – du choc des cultures entre modestie régionale et bourgeoisie parisienne : il faut en effet servir le Porto « dans le grand verre » car il est bon, commander « quelque chose de plus extraordinaire », à savoir le « Tournedos plénipotentiaire », plat absurde composé de « déchirures de chevreuil saisis dans une purée de caille » avec laitue, lentille farcie et huîtres… Tout un comique s’installe, reposant sur les différents types : comique de mots (confondre le mot terrine et le mot tétine), de gestes (changer de table à chaque plat en raison d’un courant d’air), de situation (la confusion autour des prix, les plats passant de 50 à 500 francs entre la commande et l’addition parce que « c’est le cadre qui cache le zéro ») et de caractère, suivant une opposition entre l’être naturel des habitants de La Ferté-sous-Jouarre et le paraître hypocrite des Parisiens. Quelques idées loufoques semblent avoir influencer le cinéma populaire postérieur, comme l’idée de chanter pour couvrir le bruit de l’évasion, reprise par Papy fait de la résistance (Jean-Marie Poiré, 1983). Un divertissement sympathique.