Fin des années 80 : la mode des films sur la guerre du Vietnam revient à Hollywood, avec Platoon, Full Metal Jacket et Good Morning Vietnam. Brian de Palma y va donc de sa contribution, et réussit dans un genre inhabituel pour lui. Alors que Oliver Stone avait été le premier à filmer cette guerre au plus prêt des soldats, et à montrer leurs éventuelles dérives, De Palma va encore plus loin, et raconte sans ambiguïtés un crime de guerre (réel) à l'encontre des populations civiles.
Le film reste sobre (pour un De Palma!), tendu et particulièrement poignant. Sans être racoleur, le cinéaste adopte surtout le point de vue du personnage de Michael J.Fox, d'où l'émotion qui saisit le spectateur. De la souffrance de la jeune vietnamienne au cas de conscience du soldat Eriksson, l'empathie avec les personnages fonctionne parfaitement. Comme toujours, la caméra de De Palma saisit des regards : tantôt le regard voyeur des kidnappeurs dans le village endormi, tantôt celui, passif et impuissant, d'Eriksson au moment du viol (sublime succession de plans, nocturnes et pluvieux..). La scène du meurtre, plus frontale, fera bondir les détracteurs du cinéaste... Inspiré, celui-ci n'oublie pas de nous gratifier de quelques morceaux de bravoure cinématographique, dans le plus pur style "depalmesque". (la scène du tunnel, l'attentat contre Eriksson...). On découvre également un excellent Michael J.Fox, tandis que Sean Penn, impressionnant, compose un salaud peut être un poil trop salaud...Le propos aurait en effet gagné à être plus nuancé, peut être l'un des quelques défauts de cette œuvre puissante, porté par la magnifique musique d'Ennio Morricone.