Énième film sur la guerre du Vietnam, Outrages relate les exactions d'un groupe de GI qui, sous le choc après la perte d'un de leur camarade, enlève une jeune vietnamienne afin d'en faire l'objet de tous leurs sévices. Cette approche permet au film de se démarquer de ses illustres aînés (Full Metal Jacket ou Voyage au bout de l'Enfer pour ne citer qu'eux), et d'entretenir un certain suspens, ne sachant pas si leur otage va en sortir vivante.
Le choix de Michael J Fox est assez surprenant : outre sa fragilité physique pour un tel rôle (tous les soldats ne sont pas forcément des armoires à glace, mais là il fait vraiment crevette), il manque de charisme, et de ce point de vue là, il se fait éclipser sans peine par un Sean Penn en grande forme. Ce dernier démontre un certain plaisir à jouer des rôles d'ordures, et on peut dire qu'ici l'objectif est atteint. Les trois larrons qui complètent l'escouade possèdent tous des caractères différents : entre le facho sans scrupules qui veut « tuer du bridé », le « brave » un peu débile accroc à la bière qui suit le groupe, et le jeune latino plein de bons sentiments qui fini par se faire embarquer par ses collègues, les clichés ne sont pas très loin...
Toutefois, l'ensemble se tient, et souffle le chaud et le froid : certaines scènes poignantes voient leur intensité altérée par des dialogues trop niais et un doublage français de Michael J Fox vraiment pas à la hauteur (une voix de pré-pubère agaçante). Pour autant, la violence est omniprésente, et susceptible de vraiment choquer les âmes sensibles, avec des scènes de viol assez explicites et des membres humains régulièrement éparpillés aux quatre vents.
Les plans de De Palma restent trois coudées au dessus de ce qui se fait habituellement à Hollywood, et les paysages de carte postale s’enchaînent, dans lesquels se découpent parfois les silhouettes des protagonistes.
L'objectif premier d'Outrages est de montrer que la guerre peut avoir des effets extrêmement contradictoires sur des êtres humains : elle peut pousser un soldat à l’héroïsme ou la bravoure, quand il s'agit de sauver un camarade sous le feu de l'ennemi. Elle peut également faire naître chez ce même homme des pulsions primaires, accentuer sa haine de l'ennemi et multiplier ses vices... cela aboutit à des crimes de guerre, des tortures, et des actions qui dépassent la raison. De Palma montre qu'au fond de la jungle vietnamienne, des héros peuvent devenir de parfaits salauds, violeurs et meurtriers... Il montre également que peu de soldats se risquent à se mettre à l'écart de leur groupe, malgré leurs réticences face aux horreurs auxquelles se prêtent leurs camarades. Certains finissent même par y prendre part, de façon contrainte, au nom de l'esprit de « fraternité » de l'armée.
Outrages constitue une belle réflexion sur la nature humaine, sur ce que chacun d'entre nous est capable de faire sous l'influence d'un groupe, dans un quotidien marqué par la mort et la destruction.
Sans être à la hauteur des films « cultes » sur la guerre du Vietnam, il vaut néanmoins le détour.