Après Coppola, Cimino, Stanley Kubrick, Oliver Stone ou encore Ted Kotcheff, c'est au tour de Brian De Palma d'apporter sa vision de la guerre du Vietnam, ou la perte de l'innocence de l'Amérique. Pour cela, il s'inspire notamment de quelques histoires vraies ainsi que du roman Casualties of War de Daniel Lang, et met en scène l'histoire d'un jeune soldat devant faire face à la guerre, ainsi que le comportement des soldats...
Assez vite De Palma rentre dans le vif du sujet et nous immerge au coeur de cette satanée guerre du Vietnam via un long flash-back où une troupe, en pleine nuit, se retrouve au coeur d'un bombardement. Peu à peu, le metteur en scène de Scarface va mettre en place un affrontement psychologique entre un jeune soldat et son supérieur, ce dernier étant suivi par le reste de la troupe, que ce soit par adhésion ou par la poigne. Il se rend assez vite compte que tenir tête à son supérieur peut lui couter cher, malgré les actes atroces de celui-ci, et c'est notamment cela qui va intéresser De Palma, la façon, que ce soit sur le terrain ou en coulisses, qu'à cette jeune recrue pour protester et s'opposer à ce sergent.
Alors, Outrages n'est pas exempt de tout reproche, à commencer par quelques maladresses dans certains effets de style, notamment ceux de la dramatisation ou du suspense. De Palma tombe dans certains excès et en fait parfois trop, surtout lorsqu'il s'agit de mettre en avant un aspect émotionnel. De plus, certains messages semblent parfois un peu trop appuyés, notamment ce qui tourne autour du racisme, tout comme le final qui sonne assez faux. Si c'est dommage, ça n'en devient pas non plus préjudiciable pour apprécier l'oeuvre qui fait office de film coup de poing et arrive tout de même à prendre aux tripes lorsqu'il le faut, notamment lorsque le metteur en scène de Mission : Impossible propose une vraie immersion au coeur de cette jungle aussi chaude que violente, ainsi que toute la première partie où l'opposition entre les deux soldats va commencer et s'accentuer, où les tourments psychologiques de l'un vont devoir faire face à la violence de l'autre.
Comme Elia Kazan avec Les Visiteurs, De Palma aborde la question du crime en temps de guerre, mais à travers cela c'est surtout l'horreur de la guerre qu'il met en place, et comment elle peut, petit à petit, anéantir psychologiquement des hommes. Sa mise en scène est immersive et il arrive bien à rendre tous ses personnages intéressants, tout comme leur évolution au fur et à mesure de l'histoire. La tension est souvent au rendez-vous lors des moments propices tandis que Sean Penn se révèle parfait en sergent violent dont la folie se fait de plus en plus forte, tout comme Don Harvey alors que Michael J. Fox montre lui quelques limites dans ce rôle plus dramatique. Et enfin, et c'est bizarrement un point plus décevant, la partition d'Ennio Morricone montre quelques failles et ne colle pas vraiment toujours à l'image.
D'abord merci à Tj. pour la proposition et si Outrages se montre maladroit sur certains points, il n'en reste pas moins un film captivant, prenant et immergeant, nous emmenant au coeur de cette terrible guerre pour y suivre la folie et la violence qui va avec.