Le jeune Steven Spielberg (alors âgé de 25 ans à l’époque) va d’entrée frapper très fort en réalisant ce premier long-métrage en seulement quelques jours de tournage et avec surtout très peu de moyens .
L’histoire de ce film, basée sur une nouvelle de Richard Matheson qui signe également le scénario, est très originale digne d’un film de Hitchtcock : David Mann, un représentant de commerce, sans histoires, roule tranquillement sur les routes du désert de Mojave, en Californie, dans le but de se rendre à un rendez-vous d’affaire important. Tout se passe normalement, jusqu’à ce qu’il croise le chemin d’un énorme semi-remorque, qui va le ralentir. Tout naturellement, Mann décide de le dépasser, ce qui va provoquer la fureur du chauffeur du camion et va, sans le savoir, poser la trame du film, qui consiste en une longue course-poursuite entre la voiture et le camion à travers les pleines désertiques californiennes.
Dennis Weaver (connu pour avoir joué dans des productions westerns) est très convainquant et nous fait vraiment ressentir la peur, l’angoisse et sa lutte acharnée pour survivre et d’échapper à tout prix à ce chauffeur psychopathe, qui sans que l’on connaisse ses intentions, va chercher à le tuer. Ce qui fait également l’originalité de ce film et qui nous laisse dans un esprit d’angoisse intense, est que l’on ne voit jamais le visage du conducteur du poids lourd, à part ses jambes, ses pieds et son bras lorsqu’il fait signe à Mann de le dépasser. De ce fait, on a vraiment l’impression que le camion est un personnage unique, un monstre gigantesque prêt à tout pour dévorer sa proie (la voiture). J’avais 12 ans la première fois que j’ai vu ce film (j’en ai 24 ans aujourd’hui) et même si je le connais par cœur, je ne peux m’empêcher à chaque fois de rester stocker à mon écran et de me laisser envahir par cette course-poursuite terrifiante et angoissante et le fait de l’avoir revu récemment en DVD avec un son et une image restaurés, n’a fait que justifier mon avis sur ce film que je considère comme une référence des films d’horreur. Et surtout que l'on peut très bien inventer une histoire prenante sans avoir recours à une multitude d'effets spéciaux, un exemple !
"Duel", qui à l’origine était un téléfilm et était destiné à être diffusé à la télévision américaine, rencontrera un succès critique et commercial si important qu’il sera finalement projeté dans les salles de cinéma du monde entier. Le film remportera également le Grand Prix du Festival international du film fantastique d’Avoriaz en 1973 et sera même nominé aux Golden Globes pour celui du "meilleur téléfilm". Il lancera, par la même occasion, la carrière plus que prestigieuse de Spielberg, qui, quarante-ans plus tard, siègera dans le jury du Festival de Cannes. Un chef d'oeuvre !!