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TTNOUGAT
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5,0
Publiée le 18 mai 2014
Revoir ‘’Wild river’’ plus de 50 ans après sa sortie désastreuse à Paris et dans une copie neuve est un grand bonheur cinématographique. Jamais il ne sera répété assez que la cinéma doit se voir dans une salle dédié sur très grand écran, son parfait et public averti. C’était le cas ce matin au ciné-club Claude-Jean Philippe qui nous fait lui-même bénéficier d’une présentation de qualité et de remarques post- projection allant toujours à l’essentiel de cet art. Pour moi qui ait vu les 19 Kazan, il ne fait aucun doute que c’est le plus beau, le moins sujet aux critiques de fond. Seuls quelques petits détails peuvent lui être reprochés, ce qui est peu en face du nombre conséquent de séquences admirables. Kazan est lui aussi admirable car il a réussi en vieillissant à apprivoiser ses démons. Le fleuve sauvage en étant la plus belle des preuves, l’Amour y tient la première place, c’est le ‘’deus ex machina’’ du film, amour de la vie, de la nature, des traditions, des autres et d’un couple pudique mais essentiel…Combien de jeunes femmes ont loupé l’homme de leur vie en n’osant pas le leur avouer ? C’est tout cet amour qui donnera à ‘’Wild River’’ son équilibre parfait. J’aimerais que beaucoup de jeunes spectateurs prennent le temps de s’intéresser à ce film, nous sommes trop peu sur ‘’allo ciné’’ à l’aimer comme il le mérite car au-delà de l’émotion permanente qu’il dégage durant 100 minutes, il ouvre des perspectives intellectuelles pour tous les humains quelque soient leurs âges et leurs situations sociales.
Un chef-d'œuvre signé du grand Elia Kazan. Méconnu, boudé par le public à sa sortie, mais estimé par la critique, "le Fleuve sauvage" demeure une œuvre magistrale, puissante, quasi biblique, mais surtout universelle et forte, emprunt d'une humanité peu commune. Certes on retrouve dans certaines scènes entre Montgomery Clift et Lee Remick l'accent de ses précédents chefs-d'œuvres, les sentiments exacerbés de ses personnages, les âmes écorchées vives, mais ici Kazan se défait de l'introspection pour apaiser sa mise en scène, son sens du récit. Le résultat est à la hauteur et donne au film une dimension exceptionnelle où l'homme prend toute sa place au milieu de la nature, où Kazan trace un parallèle entre le caractère humain et la force du fleuve. Un chef-d'œuvre.
Quatorzième film de Elia Kazan, "Wild River" nous emmène tout droit dans le sud des Etats-Unis durant le New Deal suivre Chuck Glover envoyé pour le compte de la TVA (Tennessee Valley Authority) dans le but d'obtenir de la part des habitants qu'ils acceptent de quitter les zones destinées à être inondées en vu de la construction d'un barrage. Mais il reste une île qui se heurte à déménager. C'est la maîtresse des lieux qui se révèle être un adversaire de poids pour Glover, mais ce dernier est aussi attiré par Carole, la petite fille de celle-ci.Elia Kazan prend d'abord le temps de présenter les personnages et le contexte. Un contexte de changement où sont opposés Glover qui représente le fameux "progrès" lancé par Roosvelt suite à la grande dépression face à une population qui n'est pas près pour. Une population symbolisée par cette vieille veuve qui refuse de quitter ce qu'elle a entreprit et qui exerce une influence sur les autres habitants de l'île. Il montre comment vivait et pensait cette "foule", sa réaction face à celui qui représente le progrès et qui vient déranger leur petite habitude, mais Kazan montre aussi comment le racisme était ancré dans la vie de tous les jours, à travers les salaires ou la façon dont les gens de couleurs étaient traités. C'est une vision forte de l’Amérique rurale qu'il met en scène. Avec "Wild River", Elia Kazan nous livre un film d'une grande richesse. D'abord d'écriture avec donc des personnages profonds et ô combien intéressant voire même passionnant. D'abord cet étranger venant pour déloger la vieille veuve et qui va finalement être attiré par Carole. Mais aussi cette dernière, qui semble d'abord très timide et assez craintive de sa grand-mère. Le déroulement et les enjeux sont tout aussi intéressants et Kazan les met superbement en scène, alternant lyrisme, sensibilité ou cruauté.Le réalisateur d'origine grecque s'attache fortement à un côté assez réaliste qui résulte d'une superbe reconstitution et d'une excellente qualité d'image. Les couleurs sont superbes et sa caméra est toujours au plus près des personnages et de la nature, il sonde leur âme tout en mettant en avant leur différente vision du monde. Mais surtout il fait ressortir toutes les émotions des enjeux et des personnages, à l'image de cette scène où pour la première fois Carole retourne dans son ancienne maison de l'autre côté de la rivière. En plus d'être émouvant, des soupçons de mélancolie et de romantisme planent toujours au dessus de son film, et il nous fait passer par divers sentiments, de antipathie à la "délivrance". Et puis, que dire de la direction d'acteur de Kazan, une nouvelle fois fabuleuse. Après Marlon Brando ou James Dean et avant Natalie Wood, Kirk Douglas ou Robert De Niro, c'est au tour de Montgomery Clift, Lee Remick et Jo Van Fleet d'en profiter. Le premier y incarne à merveille ce représentant du "progrès", comme à son habitude il fait preuve d'une sobriété et d'une justesse incroyable, faisant ressortir toute les facettes et les émotions de son personnage. Le talent de Lee Remick n'a d'égal que sa beauté, c'est dire et Jo Van Fleet est très convaincante en veuve attaché à ses racines.Pas forcément le plus connu des films de Kazan et c'est bien dommage. A la fois dur et émouvant, intelligent et sensible, le réalisateur américain d'origine grecque nous livre un film d'une grande richesse emmené par d'excellentes interprétations.
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4,0
Publiée le 8 mars 2017
Elia Kazan ètait un maître du 7eme art! Ses acteurs tels que Marlon Brando, Warren Beatty ou Karl Malden l'adoraient! Eternel èmigrè, pourfendeur des tares de l'Amèrique, Kazan a traitè de tout au cinèma et a choisi pour cette très belle oeuvre humaniste et flamboyante la vallèe du Tennessee comme lieu de tournage! Sorti en 1960 et en hommage à l'esprit de Roosevelt, "Wild River" reflète en quelque sorte les souvenirs d'un grand voyage de Kazan dans les 30's à travers le sud des Etats-Unis! Le rèalisateur de "On the Waterfront" va soigneusement ancrer son histoire dans une rèalitè historique et avec une tentation documentaire! Le film est là qui se construit (comme un barrage) et se dècrypte sous nos yeux pour crèer une sorte de contemplation, un lyrisme des images et du son! On y sent l'exigence technique (notamment au soin apportè dètail de la vie quotidienne) de Kazan, ce dernier offrant à Monty Clift l'un de ses rôles les plus marquants! Face à cet ingènieur de la commission d'ètudes, Lee Remick est plus belle et plus frèmissante que jamais où le spectateur se noie presque dans le bleu de ses yeux! Quant à Jo Van Fleet (qui avait seulement 45 ans à l'èpoque du tournage), elle s'empare du personnage obstinèe de Ella Garth avec toute l'ènergie farouche de son immense talent! Un Kazan à (re)dècouvrir absolument...
Peut être pas le plus connu des films de Kazan, mais assurément un des plus beau. Mélodrame autour de la lutte entre l’Amérique des pionniers, et la modernité imposée du « New deal » de Roosevelt. Cette lutte est incarnée par trois magnifiques personnages, une vieille femme obstiné attachée à ses terres et à un mode de vie simple, un jeune démocrate (Montgomery Clift) un peu lâche, un peu fragile, incarnant une politique nouvelle mais encore précaire, et enfin une jeune femme (lumineuse Lee Remick) représentant quant à elle l’Amérique moderne, conquérante, libre et sur d’elle. La nature est aussi considérée comme un personnage à part entière, magnifiquement photographiée elle englobe les personnages tout en exacerbant leurs sentiments. La mise en scène lyrique et romantique de Kazan, impose parfois un rythme indolent, accentuant ainsi le contraste entre la modernité et un mode de vie qui suit le mouvement de la nature.
Les nombreuses difficultés - largement dépassées - qui font face à ce mélodrame d'Elia Kazan viennent du nombre important d'axes soulevés et du défi qu'il y a à les articuler. Et là où le film fait preuve d'une grande intelligence, c'est qu'il ne fait pas de l'histoire d'amour le cœur du film où graviteraient autour les intrigues secondaires mais hisse ses différents composants sur un plan d'égalité, rendant ainsi les relations entre les différents personnages extrêmement complexes. Que ce soit la relation entre Carol et Chuck ou bien entre ce dernier et Ella, il y a une difficulté à résoudre un problème. Dans le premier cas, la relation amoureuse suppose un éloignement des origines et un conflit avec l'autre homme qui convoite Carol, dans le second, la tentative de persuader Ella fait ressortir une opposition avec une politique gouvernementale coupée des mentalités de l'Amérique profonde, incapable de saisir l'attachement à une terre dont on ne peut se séparer. Mais ces tensions entre les personnages n'ont pas pour but d'être apaisées (d'ailleurs, le final est une conciliation forcée) mais sont le support d'un propos progressiste sur une Amérique en pleine Ségrégation. "Le Fleuve Sauvage" est un film magnifiquement écrit, surtout dans ses scènes entre les sublimes Montgomery Clift et Lee Remick, qui représente avec une justesse rare les sentiments de dignité et de déception.
"La Fièvre dans le Sang" commence par des chutes d'eau qui se brisent sur des rocs ; celui ci par un fleuve torrentiel et boueux, qui déborde de son lit et emporte tout. Images d'archives d'actualité. Un homme a tout perdu. Encore l'histoire de ravages et de destruction. Vues aériennes : le visage rurale de l'Amérique qu'on l'a rarement vu au cinéma. Une vieille propriétaire qui s'accroche à son sol ; un fonctionnaire célibataire qui fait son boulot, qui ne sait pas se battre ; une fille au regard étrangement vitreux. Et la Technique, qui nivelle, remodèle et balaie tout : les vies, les paysages. Des vies, des êtres qui se débattent au milieu de tout ça. Scènes finales sublimes, émouvantes. Enterrement, destruction. Des arbres centenaires qui tombent, abattus. Une maison qu'on détruit par le feu. Une île réduite à un confetti, cimetière encerclé par les eaux d'un étrange déluge. Acteurs fantastiques, jusqu'au plus petit rôle
UN beau film. L'ensemble est très lent mais néanmoins très profond et très touchant. Les couleurs sont belles et le contexte hisstorique très intéréssant. De plus, l'histoire d'amour est très émouvante et pas du tout niaise. Pas de doute, Elia Kazan savait vraiment bien raconter les histoires. En plus de cela, Montgomery Clift et Lee Remick sont magnifiques de pudeur et de sensibilité.
Dans les années 30, dans le Tennessee où va se construire un barrage chargé d’endigué les crues dévastatrices, un ingénieur arrive, en charge d’exproprier une vieille dame, propriétaire d’une île sur le fleuve et dernière opposante à la vente de son bien. Le reste de la population, qui refuse le recours à la main-d’œuvre noire, lui est aussi hostile. Avec la complicité d’une jeune et jolie veuve (petite fille de la vieille dame) qui en est tombée amoureuse, l’ingénieur arrivera à ses fins quelques jours avant l’inondation des terres. Le talent de la réalisation est manifeste : le contexte et l’intrigue sont posés avec une économie de moyen remarquable; la narration est captivante, la mise en scène parait d’une simplicité évidente ; la nature est filmée avec lyrisme (superbes images du fleuve dans la brume et les couleurs d’automne ; arbres centenaires qui s’abattent) ; et on sent l’humanisme de Kazan à travers son empathie pour les habitants qui refusent de se voir arracher leur terre, et la dénonciation du racisme ancré dans ce Sud. Mais quelques incohérences (les deux héros se relèvent frais et pimpants après s’être fait tabassés par une brute raciste) et Montgomery Clift est bien fade.
Une des oeuvres les plus injustement méconnues de toute l'Histoire du cinéma, ben oui tout simplement parce que c'est un sacré chef d'oeuvre et sans conteste un des plus beaux films de tous les temps par son aspect visuel qui laisse totalement béat d'admiration. Car il ne faut pas oublier, comme il le reprouvera par la suite dans son plus grand film le magnifique "La Fièvre dans le sang", qu'Elia Kazan est sans conteste un des plus grands cinéastes visuels. Mais il l'était aussi pour ce qui était de l'émotion. Et ce n'est pas cette oeuvre qui poussera à dire le contraire. De ce point de vue là, on est aussi béat d'admiration. Alors qu'on aurait pu qu'avoir un éloge bêtifiant du progrès, c'est tout le contraire. On a des personnages vrais, forts, émouvants, qui évoluent et qui s'aperçoivent au final que le progrès n'apporte pas que du bon, loin de là. D'où le goût amer que ne manque pas d'avoir en même temps que les spectateurs (car l'empathie est très forte !!!) le personnage principal. Et pour moi, il ne fait aucun doute qu'Elia Kazan était sans conteste le plus grand directeur d'acteurs qu'Hollywood ait connu d'où les interprétations incroyables de justesse des acteurs. Je pense surtout à Montgomery Clift, Lee Remick et Jo Van Fleet, impressionnants. Je vous cache pas la très grande admiration que j'ai pour ce film, pardon pour ce chef d'oeuvre absolu. Elia Kazan était vraiment un des plus grands.
Il ne s'agit pas du scénario le plus excitant qu'on pouvait imaginé, c'est la qu'intervient la qualité de la réalisation qui arrive à nous accrocher tout le long, sans oublier Lee Remick et Montgomery Clift malgré des personnages difficile à cerner.
« Des barrages il y en a trop, ils disciplinent la nature? Moi je préfère la nature sauvage à l’état pur » Un film plein de délicatesse et de sensibilité à propos du regard des hommes sur leur passé. Car ce fleuve signifie bien la mort pour eux. Un peu comme les indiens qui devaient abandonner la terre de leurs ancêtres au nom du « progrès » Lent et beau
Très beau film d’Elia Kazan en cinemascope de 1960. Magnifique prises du directeur de la photographie Fredericks non seulement concernant la nature mais aussi les visages des deux personnages principaux Montgomery Clift et Lee Remick. Le début du film en noir et blanc traite des inondations provoquées par le fleuve Tennessee et des conséquences catastrophiques qui justifient la création par l’administration Roosevelt d’une agence gouvernementale pour construire un barrage. Puis le film passe en couleur avec l’arrivée de Montgomery Clift comme nouveau fonctionnaire chargé de persuader la dernière propriétaire de vendre son terrain qui est une île au milieu du fleuve. La vieille dame, veuve, qui refuse obstinément de vendre règne sur sa fille (Lee Remick), veuve aussi, ses petits-enfants et une équipe de travailleurs noirs. Son attachement à cette terre est liée à la fidélité à la mémoire de son mari qui est enterré sur l’île et qui avait défriché ce coin de terre sauvage. Le film pose bien le problème de refaire sa vie et du lien qui nous unit aux générations précédentes et aux morts. La fille doit-elle se remarier en épousant quelqu’un du pays qu’elle n’aime pas et rester ou se laisser séduire par le beau fonctionnaire qui va repartir ? Peut-on déplacer une vieille dame dans une autre maison ? Le progrès (le barrage, l’électricité) doit il avoir priorité sur la nostalgie du passé ? Quelle légitimité a-t-on sur la terre qu’on a défriché ? En creux, l’absence des Indiens (déportés à l’ouest du Mississipi cent ans avant) qui fait apparaître les défricheurs de cette terre comme les propriétaires légitimes d’une terre « vierge ». En arrière fond le racisme contre les noirs dans cette partie sud-ouest des Etats-Unis alors que la fin de la ségrégation est encore loin (on est dans les années 1930). Le changement dans les sentiments des deux personnages principaux est magnifiquement rendu.
Je pense qu'il n'est pas utile de répéter ce qui a été dit précédemment sur ce chef d'oeuvre: couleurs et cadres magnifiques, mise en scène sublime, acteurs formidable et intelligence dans la manière de traiter toute sortes de problèmes sociaux et humains. Mais il y une thématique très surprenante et originale qui est moins abordées dans les critiques: le fait que Elia Kazan se moque, ou du moins tourne en dérision le romantisme, dans le sens le plus "Hollywoodien" du terme. En effet, si l'on regarde les bandes annonces ou les affiches, on risque de penser que le film est tous bonnement une histoire d'amour mélodramatique à l'eau de rose et c'est ce que l'on pense également en regardant la première partie du film mais le retournement de situation est là: comme j'ai pu le lire dans une critique du site, le personnage de Montgomery Clift est bel et bien "un peu lâche et un peu sensible". Des facettes qui se manifestent tous particulièrement dans sa relation avec le personnage de Lee Remick. D'abord dans une illusion romantique, il a du mal ensuite à faire face aux engagements et à un amour durable mais il est cependant rattrapé par sa pitié. Toute cette thématique complexe et réaliste qui va à l'encontre de la vision de l'amour "idéalisé" souvent décrite dans les films hollywoodien de l'époque se résume dans quelques lignes de dialogue au début du film entre le personnage de Montgomery Clift et Lee Remick: -"Vous ne devriez jamais épouser un homme que vous n'aimez pas" -"Vous êtes plutôt du genre romantique vous!" Des mots qui peuvent sembler sur le coup sans importance mais qui prendront tous leur sens à la fin du film, de la plus cruelle des manières.
Un film vraiment génial et innoubliable comme tous ceux d'Elia Kazan.Je ne suis pas fan de Montgomery Clift mais là il est super.Un chef d'oeuvre à voir absolument!