Le temps qui passe fait à peine moins de mal aux films d’horreur qu’aux comédies. Ce n’est pas trop grave dans le cas des films pop-corn avec des monstres en latex, qui semblaient déjà un peu ridicules en leur temps mais cela cause plus de dégâts quand les intéressés misaient sur une atmosphère génératrice d’effroi a posteriori, à l’instar de ‘L’exorciste’, pourtant le meilleur d’entre tous, revu il y a peu en présence de mon fils qui a laissé filer un ‘C’est...tout ?’ durant le générique de fin. C’est tout le problème du cinéma d’horreur : à moins d’être particulièrement bien conçus ou de présenter certaines audaces de fond ou de forme, les oeuvres plus “milieu-de-gamme� sont condamnée à n’intéresser que les archivistes de l’épouvante, ceux qui prendront du plaisir à imaginer à quel point le film était effrayant 30 ou 40 ans plus tôt. Dans le cas présent, si on fait preuve d’un rien de tolérance pour des effets forcément datés, ‘Zeder’ n’est pas dépourvu de qualités. Bien sûr, comme chez beaucoup de maîtres de l’horreur transalpins, y compris les plus fameux comme Argento ou Fulci, la cohérence et la solidité du scénario ne figurent pas vraiment au premier rang des préoccupations : on ne comprend pas vraiment pourquoi le personnage principal nourrit une telle obsession pour l’ancien propriétaire de la machine à écrire d’occasion qu’il s’est procuré, de nombreux personnages secondaires (la copine, le jeune prêtre, les scientifiques français,...) ont un rôle apparemment essentiel, tout en donnant l’impression à l’écran d’être à peine plus que des figurants et les péripéties s’accumulent sans beaucoup de logique. Signe définitif de cette désinvolture scénaristique, le titre du film fait référence à un personnage qui occupe les dix premières minutes et n’apparaît plus jamais par la suite. Néanmoins, ‘Zeder’ parvient à générer une ambiance parfois probante, grâce au fait qu’on ne comprend que tardivement de quoi il retourne réellement, et même si certains effets datés (zoom brutal, violon strident,...) atténuent sa force d’évocation au lieu de la vivifier. Le plus intéressant est que, par plusieurs aspects (y compris une séquence que le film de Mary Lambert reproduit presque à l’identique ), ‘Zeder’ préfigure de manière étonnante le ‘Simetierre’ de Stephen King. Ce dernier l’ayant écrit deux ans avant que le film de Pupi Avati bénéficie d’une sortie américaine, tout soupçon de plagiat est écarté mais tout de même, voilà qui est intriguant !