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Cyrille Racyno
3 abonnés
23 critiques
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0,5
Publiée le 13 août 2020
Mais qu'est-ce que c'est mauvais ! J'ai arrêté au bout de 8 minutes et j'ai parcouru un peu le film. Sorte de film policier à suspens qui cherche à faire peur surtout avec une musique insupportable, des objets qui bougent et des trucs qui claquent et cognent ! Incompréhensible et totalement insupportable ! C'est ça le cinéma italien ? Passez votre chemin !
A mi-chemin entre Fulci et Argento (et accessoirement Stephen King pour son Simetierre paru la même année), un film de zombie singulier qui mélange épouvante et enquête dans une ambiance très marquée bis italienne, montrer l'horreur au grand jour dans des décors ruraux et terreux. J'ai vraiment adoré la première demi-heure avec l'instauration du mystère des zones K et de la machine à écrire du professeur Zeder, le scénario promet un max, ensuite le film ralenti la cadence tout en apportant d'autres éléments complotistes et une relation plutôt bien écrite du couple Lavia-Canovas, ce qui permet d'apprécier encore plus la fin, qui est certes assez prévisible mais glaçante d'effroi. Juste dommage de ne pas appuyer certains moments de traque pour renforcer la paranoïa du héros, il n'y a, avec du recul, que trop peu de scènes marquantes par rapport à l'ambition du film, cependant il est certain que je garderai en mémoire un ou deux plans, et rien que pour ça c'est validé.
De la même génération que Dario Argento, Giuseppe dit « Pupi » Avati est arrivé à la réalisation après avoir un temps espéré faire une carrière de clarinettiste de jazz avec son groupe, le Doctor Dixie Jazz Band crée dans les années 1950 à Bologne, sa ville natale. Très hétéroclite et prolifique comme le veut la tradition transalpine, il compte près de quarante films à son actif et continue à tourner en 2020 (« Il signore Diavolo »). Si son cinéma s’est essentiellement centré sur les comédies populaires, c’est grâce à deux giallos hétérodoxes réalisés en début de carrière qu’il a assis sa modeste réputation. Emboîtant le pas à Mario Bava et Dario Argento qui popularisent le genre, il réalise en 1976, « La maison aux fenêtres qui rient » suivi de « Zeder », considérés tous les deux comme des petits modèles du genre. Pupi Avati écrit lui-même ses scénarios en compagnie de Mauricio Constanzo ou de son frère, Antonio. Quoiqu’il n’y ait aucune parenté reconnue, l’intrigue de « Zeder » possède de curieuses analogies avec « Simetierre », le roman de Stephen King paru la même année. spoiler: L’entame fort intrigante car très peu explicite, transporte le spectateur à Chartres en 1956 alors que plusieurs morts mystérieuses sont recensées à proximité d’une vaste demeure abandonnée. Une jeune fille aux pouvoirs extra-sensoriels participe à l’exhumation d’un cadavre qui s’avère être celui d’un dénommé Paolo Zeder ayant émis la théorie de l’existence de terrains favorables (terrains K) à la résurrection des morts.
En 1983, un jeune écrivain (Gabriele Lava) en panne d’inspiration reçoit en cadeau de sa petite amie (Anne Canovas) une machine à écrire achetée au mont de piétéspoiler: . Fortuitement, il découvre imprimés sur le ruban des mots anciens reconstituant deux lettres qui l’intriguent fortement, faisant allusion au retour à la vie des êtres défunts. Le jeune homme progressivement obsédé par sa découverte remonte la piste des fameux terrains K jusqu’à un camp de vacances en ruines de la région de Rimini. L’intrigue dont on ne comprend les tenants et aboutissant s que dans la toute dernière partie du film avance par ellipses successives, laissant au spectateur le soin de combler les blancs laissés volontairement par Avati. Le procédé déconcertant s’avère finalement efficace, favorisant le vagabondage de l’imagination et surtout absorbant le regard et l’humeur grâce à une atmosphère onirique que le réalisateur distille avec un certain brio, secondé dans sa tâche par le chef opérateur Franco Delli Colli et le compositeur Riz Ortolani qu’Avati connaît bien. Le film qui se situe en pleine période giallo, en emprunte une partie du décorum expurgé de son aspect sanglant. Idem pour le film de zombies cher à George Romero et Lucio Fucli dont Avati s’affranchit de la veine gore. Le jeu des acteurs un peu mécanique et atone ne constitue certes pas un atout mais il renforce encore l’étrangeté de cette aventure unique en son genre qui intrigue autant qu’elle dérange par l’immersion totale qu’elle propose au spectateur s’il accepte de se laisser porter par la curieuse petite musique de Pupi Avati.
Le temps qui passe fait à peine moins de mal aux films d’horreur qu’aux comédies. Ce n’est pas trop grave dans le cas des films pop-corn avec des monstres en latex, qui semblaient déjà un peu ridicules en leur temps mais cela cause plus de dégâts quand les intéressés misaient sur une atmosphère génératrice d’effroi a posteriori, à l’instar de ‘L’exorciste’, pourtant le meilleur d’entre tous, revu il y a peu en présence de mon fils qui a laissé filer un ‘C’est...tout ?’ durant le générique de fin. C’est tout le problème du cinéma d’horreur : à moins d’être particulièrement bien conçus ou de présenter certaines audaces de fond ou de forme, les oeuvres plus “milieu-de-gamme� sont condamnée à n’intéresser que les archivistes de l’épouvante, ceux qui prendront du plaisir à imaginer à quel point le film était effrayant 30 ou 40 ans plus tôt. Dans le cas présent, si on fait preuve d’un rien de tolérance pour des effets forcément datés, ‘Zeder’ n’est pas dépourvu de qualités. Bien sûr, comme chez beaucoup de maîtres de l’horreur transalpins, y compris les plus fameux comme Argento ou Fulci, la cohérence et la solidité du scénario ne figurent pas vraiment au premier rang des préoccupations : on ne comprend pas vraiment pourquoi le personnage principal nourrit une telle obsession pour l’ancien propriétaire de la machine à écrire d’occasion qu’il s’est procuré, de nombreux personnages secondaires (la copine, le jeune prêtre, les scientifiques français,...) ont un rôle apparemment essentiel, tout en donnant l’impression à l’écran d’être à peine plus que des figurants et les péripéties s’accumulent sans beaucoup de logique. Signe définitif de cette désinvolture scénaristique, le titre du film fait référence à un personnage qui occupe les dix premières minutes et n’apparaît plus jamais par la suite. Néanmoins, ‘Zeder’ parvient à générer une ambiance parfois probante, grâce au fait qu’on ne comprend que tardivement de quoi il retourne réellement, et même si certains effets datés (zoom brutal, violon strident,...) atténuent sa force d’évocation au lieu de la vivifier. Le plus intéressant est que, par plusieurs aspects (y compris une séquence que le film de Mary Lambert reproduit presque à l’identique ), ‘Zeder’ préfigure de manière étonnante le ‘Simetierre’ de Stephen King. Ce dernier l’ayant écrit deux ans avant que le film de Pupi Avati bénéficie d’une sortie américaine, tout soupçon de plagiat est écarté mais tout de même, voilà qui est intriguant !
Avec Zeder, Pupi Avati réussit à construire un film intriguant et assez effrayant. On retrouve des développements similaires au précédent film "La maison aux fenêtres qui rient". Le film s'imprègne d'un sentiment de danger incessant et imminent et puise sa puissance dans son atmosphère oppressante et angoissante et la partition musicale de Riz Ortolani est excellente tout comme l’interprétation de Gabriele Lavia. Il n’y a aucun doute Zeder vient confirmer le succès de "La maison aux fenêtres qui rient" réalisé sept ans plus tôt et prouver le talent indéniable d’Avati dans le genre horreur malgré sa faible filmographie dans ce domaine.