Ça fait toujours plaisir de tomber sur un film moyenâgeux qui ne nous prend pas pour des cons... Ici, pas de manichéisme douteux, ni de côté épique pompeux : Il semblerait qu'Hollywood n'ait pas la mainmise sur tous les films chevaleresques, et c'est tant mieux! Brutal, malsain, sans concessions et parfois baigné d'un p'tit humour noir bienvenu, La Chair et le Sang tire son épingle du jeu en nous offrant une histoire sombre, cruelle et réaliste d'un groupe de mercenaires et de putains sans foi ni loi qui louent leurs épées (et leurs cuisses) au plus offrant dans l'Europe du XVIème siècle. Sanglante, impitoyable, orgiaque, la 1ère partie du film remplit son contrat, mais par la suite c'est le triangle amoureux formé par Martin le mercenaire brutal, Steven le jeune noble lettré et savant au cœur d'or et Agnès, la jeune damoiselle enlevée par le 1er, aimée par le 2nd, qui devient l'élément central du film (ça change des amours conventionnelles des blockbusters aseptisés du genre). Martin et sa troupe de guerriers et de putes aux mœurs libertines et violentes d'un côté, et Steven profondément bon et fin (et un peu niais aussi) de l'autre. Mais la véritable révélation du film, c'est le personnage d'Agnès, jeune noble vierge et belle comme le jour, promise à Steven mais violée par Martin, elle va faire appel à son instinct de survie (la scène est anthologique, débutant de manière effroyable pour terminer comme une farce) et va passer dans les bras du mercenaire pour rester en vie. Jouant sur tous les tableaux, elle va passer outre ses blessures et jouera de ses charmes pour arriver à ses fins, développant même une relation ambigüe avec son geôlier... On tient là carrément un personnage Tarantinesque! Notons également des personnages fouillés et sans manichéisme (on peine à savoir qui on voudrait voir sortir vainqueur), un 1er baiser sous des cadavres de pendus et obtient un film culte, renvoyant tous les blockbusters de gentils chevaliers au rayon enfant. Kaamelott m'avait réconcilié avec le genre épique, Black Death m'avait surpris par son absence de manichéisme et le Nom de la Rose m'avait épaté par son intrigue, car dans tout ces films le cadre médiéval est un moyen et non un but... Maintenant, je peux rajouter La Chair et le Sang, véritable western spaghetti en armure!