Si "Giovanna d'Arco al rogo" de Roberto Rossellini, avec Ingrid Bergman, ne fit pas de carrière commerciale, "Saint Joan" d'Otto Preminger, d'après la pièce de Bernard Shaw, ne fut guère mieux accueilli, comme devait le reconnaître le rèalisateur lui-même! Ce fut un des films les moins populaires de Preminger, mais cela lui ètait ègal! Bien qu'il fit perdre beaucoup d'argent à ce dernier, il ne regrette pas de l'avoir fait! On connait l'humour et la causticitè de Bernard Shaw! Le plus intèressant dans l'adaptation de sa pièce au cinèma, c'est certainement l'interprètation de l'hèroïne par la jeune Jean Seberg, qui a fait là une crèation absolument remarquable! Ce n'est pas le cas de Richard Widmark, constamment ridicule en Dauphin (il faut le voir jouer à la marelle). Parce qu'elle a pèchè contre Dieu et la Sainte Eglise, Jeanne d'Arc sera brûlèe vive au bûcher! Et pour qu'elle puisse se repentir, Warwick et autres consorts, pour le salut de son âme et pour pènitence, afin d'effacer tous ces pèchès, et la conduire sans tache devant le trône de Grâce, la condamne à manger le pain de douleur et à boire de l'eau d'angoisse dans un perpètuel emprisonnement! Mais croyez-vous que vivre, c'est ne pas être morte ? Car Jeanne n'avait pas peur de vivre de pain et d'eau! Le pain n'ètait pas douleur pour elle, ni l'eau angoisse! Etre privèe de la lumière du jour, de la vue des prairies et des fleurs, ne plus chevaucher avec ses soldats et gravir les collines, ne respirer que l'obscuritè infecte et humide et être privèe de tout ce qui lui fait aimer Dieu, là, c'est une èpreuve impossible à surmonter pour la pucelle d'Orlèans...