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ConFucAmuS
536 abonnés
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4,0
Publiée le 14 juin 2021
Pour décortiquer le pouvoir, il suffit parfois d'asseoir un homme qui l'exerce et l'écouter en parler. Inutile de sombrer dans le verbiage abscons et les circonvolutions sans queue ni tête. "Oubliez le mythe que les médias ont créé autour de la Maison-Blanche, la vérité c'est qu'on y trouve pas que des lumières" Errol Morris a bien retenu la leçon professée dans Les Hommes du président de Alan J. Pakula. Par conséquent, il invite l'ancien secrétaire à la défense Robert McNamara à livrer son ressenti et ses réflexions sur les 7 années où il fut en poste. Sept années décisives pour l'Amérique, qui va voir son président assassiné, l'escalade guerrière au Vietnam et bon nombre de ses illusions dispersées aux quatre vents. Le documentaire composé de l'interview fleuve de McNamara, entrecoupée d'images d'archives de l'aube des années 40 au crépuscule des sixties, se structure autour de 11 préceptes. Autant de chapitres qui vont ponctuer les grandes étapes dans sa vie, pour en appuyer les confidences ou les contredire. L'ancien stratège revient sur ses années de whiz kid dans l'armée de l'air, ses années dans l'industrie automobile Ford, jusqu'à sa prise de fonction sous Kennedy au département de la défense. Méthodiquement, le retraité de la vie politique s'échine à pointer les dilemmes moraux auxquels il s'est retrouvé confronté, sur l'usage de la bombe H dans le Pacifique au contexte explosif pendant l'invasion de la baie des Cochons ou de la crise des missiles de Cuba. L'occasion de dresser un portrait édifiant sur le personnel en place à ce moment (général Lemay, par exemple), de partager certaines anecdotes déstabilisantes (notamment une sur Fidel Castro). Puis nous arrivons à la bascule de l'année 63 (le meurtre du président Kennedy) et la guerre du Vietnam... Les mots choisis sont prudents, mesurés. L'homme sait qu'il reste une figure hautement controversée encore aujourd'hui. Le documentaire ne tente en aucune façon de le charger excessivement. Ce qui peut prêter le flanc à une certaine confusion, mais l'honnêteté de la démarche permet de mesurer les conséquences qu'ont eu ces années sur McNamara. Il en ressort une impression d'amertume. Parfois même d'empathie à l'égard d'un esprit aussi éclairé qui s'est laissé plongé dans d'obscures manœuvres pour que l'appareil politique "garde la face". La lucidité dont fait preuve l'ancien conseiller s'accompagne d'une raideur parfois glaciale, notamment sur des évènements aussi scandaleux que l'Incident du Golfe du Tonkin ou l'utilisation de défoliant (l'agent orange) en temps de guerre. Jusqu'à lâcher comme une bombe son aveu d'ignorance ayant permis les ravages dans le sud-est Asiatique ("ce malentendu" (!)), lors du passage consacré à la rencontre avec le ministre des affaires étrangères au Vietnam. Le scientifique, cet homme de calcul et de pragmatisme, incapable de saisir la réalité d'une Guerre Civile alors que son pays en était passé par là un siècle plus tôt ? À l'inverse, l'homme optera pour une tactique conduite avec des œillères, dictée par l'hystérie anti-communiste et l'hérésie nationaliste. Pour le résultat que l'on sait... Oui, même les plus éclairés ne sont pas l'abri des ombres écrasantes de l'orgueil criminel et des vils intérêts. À son niveau, McNamara a participé à la dégradation du corps politique alors qu'il avait toutes les cartes en main pour lui redonner du lustre. À son corps défendant. S'il y a bien une douzième leçon à rajouter à ce portrait, ce serait "Pour préparer l'avenir, regardez d'abord le passé".
Oscar du meilleur documentaire en 2004, "The Fog of war" revient sur le parcours du controversé Robert McNamara qui fut secrétaire d'État à la défense dans les années 1960. Errol Morris y confirme son statut de roi du documentaire US. Car "Fog of War", passionnant de bout en bout, est clairement indispensable pour quiconque s'intéresse à l'histoire des États Unis durant la seconde moitié du XXe siècle. Mais pas seulement. Il est aussi une pertinente évocation de la complexité humaine. Le cinéaste y ressort des images d'archives exceptionnelles ; on y découvre des conversations édifiantes entre McNamara et les présidents Kennedy et Johnson. Il mène surtout de main de maître l'interview d'une protagoniste tour à tour émouvant et contradictoire. Lui comme Morris posent en tout cas un constat d'une noirceur absolue sur la nature humaine, condamnée à répéter ses mêmes erreurs. La sublime partition de Philip Glass ne peut quant à elle qu'ajouter une nuance en plus de mélancolie à ce désenchantement de monde.
Un documentaire très éclairant de l'expérimenté Errol Morris sur la politique de défense des États-Unis vers le milieu du XXème siècle. Ce qui est le plus remarquable ici, c'est l'impartialité apparente dont fait preuve le réalisateur, même lorsqu'il pose des questions gênantes pour Robert S. McNamara, par exemple sur l'emploi de la bombe atomique au Japon ou sur la crise des missiles à Cuba. Pour accentuer l'effet de réalisme, Morris utilise beaucoup d'images d'archives, tenant lieu d'illustrations aux propos de l'ancien secrétaire. Comme c'était à prévoir, McNamara rejette la faute sur d'autres quant il s'agit de reconnaître ses bourdes ou celles de son ministère, mais il faut avouer que l'ensemble reste instructif et nous décrit avec précision les arcanes du pouvoir (une petite partie de l'iceberg).
Très intéressant même si on se doute bien du contenu et que ça parle parfois un peu trop et de manière redondante. Une question cependant est très justement posée. Dans les guerres, des hauts dignitaires tuent volontairement des civils des deux côtés, pourquoi seuls les "perdants" sont considérés comme criminels de guerre et jamais les "gagnants"? Bonne question posée par Mc Namara lui-même!
Excellent documentaire retrançant le parcours de Robert McNamara, personnage complexe et fascinant doublé d'un interlocuteur redoutable et manipulateur, dont le rôle durant la période obscure de la Guerre Froide a été fondamental. Appuyé par des archives vidéos et sonores passionnantes, Errol Morris revient principalement sur les années 60, de l'élection de Kennedy à l'enlisement de l'armée américaine au Vietnam, en passant par la crise des missiles de Cuba et l'assassinat de Dallas. Cette mise en perspective des coulisses du pouvoir lors de cette période charnière de l'histoire américaine et de l'histoire mondiale est éclairée par les interventions pleines de recul et de sens de l'analyse de McNamara qui illustre son propos dans le film en 11 leçons. La partie consacrée à Cuba et à la crise des missiles est particulièrement intéressante. Entendre le secrétaire à la Défense en place au cours de ses 13 jours où Russes et Américains ont frôlé la guerre nucléaire expliquer que les diplomates navigués à vue et conclut qu'au final, ils ont eu du bol, constitue une séquence assez prodigieuse.
A very simple documentary structured around an interview of Robert McNamara, former U.S. secretary of defense during the Vietnam War, is an amazing insight into Cold War politics and its consequences. McNamara is a polarizing figure. He's loathed by many. In this documentary he's rather open about his life and experience in office....maybe he has ulterior motive for doing so I can't tell.
Nonetheless, it is a very watchable documentary and you shouldn't shy away from it. The original score by Philip Glass is sublime. Get an education, watch this film.
Documentaire sans grand intéret historique si ce n'est dans un apprendre un peu plus sur le personnage de McNamara. Les parties concernant ses décisions durant la Seconde Guerre mondiale sont intéressantes, notamment sur le fait qu'il pourrait être jugé comme criminel de guerre en raison de l'utilisation des bombes incendiaires. Pour le reste, à l'entendre, on se demande comment il est parvenu au poste de secrétaire d'Etat à la Défense, car il ne semble sans pas avoir de vision du monde et ses leçons sont simpliste, la plupart sont sans intéret, d'autant plus que son témoignage tend rarement vers la démonstration.
Plus qu'un documentaire, The Fog of War est une œuvre personnelle d'Errol Morris, originale et captivante de bout en bout. Robert McNamara délivre (n'oublions pas le V ! ^^) avec vivacité et clairvoyance l'analyse de ses années en temps que Secrétaire à la Défense, de la crise des missiles de Cuba à la guerre du Vietnam. Le film s'articule autour de 11 "leçons" que McNamara aurait tiré de son expérience et s'avère assez exigeant intellectuellement pour le spectateur... McNamara s'efforce de limiter sa responsabilité dans les crimes et les erreurs commis sous son mandat, mais il apporte tout de même un éclairage intéressant sur certains des évènements les plus importants du XXème siècle. Des hommes comme McNamara, Lyndon Johnson ou le général Lemay peuvent être considéré avec du recul comme des criminels de guerre, un des objets du film est de remettre en contexte certaines de leurs décisions. Ma perception est qu'il y a encore beaucoup de secrets derrière cette période de l'histoire américaine, et si McNamara ne sait probablement tout, il est encore loin d'avoir vidé tout son sac...
Je sors du cinéma d'ATTAC, à Bruxelles, nov-2007. J'ai été impressionné par le film, et ma femme aussi. Nous pensions voir un film sur l'armement nucléaire. Finalement, il s'agit d'un film documentaire historique, avec l'un des principaux acteurs, McNamara. Franchement, j'ai appris beaucoup de choses. Le personnage est d'une clairvoyance incroyable. C'est ce qui le rend d'autant plus dangereux. Ce film est un document historique très intéressant. Je remercie son réalisateur de l'avoir fait. Certes, McNamara devrait être en prison comme criminel de guerre. A défaut, si des milliers (des millions ?) de spectateurs peuvent prendre conscience de l'absurdité des guerres, des mensonges prodigués par les dirigeants, alors y aura-t-il plus de révolte face aux conflits. Merci pour ce documentaire bien pensé et magnifiquement réalisé.
D'abord "The Fog of War" confirme le talent de documentariste d'Errol Morris, récompensé de l'Oscar : fermeté du regard sur l'interviewé (ici, pas moins que Robert S. McNamara, soit l'un des plus puissants "hommes de guerre" du XXè siècle), pertinence du contrepoint offert par les images d'archives illustrant les propos brillants - et souvent lénifiants - de McNamara. Mais là où le film fascine - et peut indisposer si l'on prend ces "leçons" pour argent comptant -, c'est qu'il offre à celui que l'on peut considérer comme l'un des grands criminels de guerre encore vivant (et non poursuivi en justice) une tribune pour pouvoir se dédouaner de sa responsabilité vis à vis des dizaines de milliers de morts qu'il a directement causées : nous écoutons une brillante dissertation géopolitique, clairement "révisionniste", rejetant sans vergogne la "faute" sur la "Nature Humaine", abusant de notions faciles (le Bien et le Mal, ah ah !), et Morris nous fait confiance quant à notre intelligence, notre capacité à voir le Monstre derrière l'homme vieillissant.