Un sujet d'actualité (la violence dans les milieux scolaires), une multitue de thèmes intéressants (comportements sociaux, exclusion, oppression...) pour un film à peine satisfaisant. Elephant nous plonge dans le quotidien de divers lycéens, au coeur de leurs discussions, de leurs occupations ou de leur solitude jusqu'au drame final, le tout grace à la caméra de Gus Van Sant qui suit de manière omniprésente les personnages. Là est le problème: le spectateur suit les personnaes du début à la fin grâce à cette mise en scène...mais il ignore absolument tout de leur psychologie! D'un côté, cela donne au film un côté troublant, incertain, et permet au spectateur d'être d'autant plus marqué par le final. De l'autre, difficile (impossible?) de faire preuve d'empathie envers ces personnages, tant ils semblent distants et inconnaissable derrière leur masque impassible. On aurait pourtant aimé plonger dans les abysses de l'esprit de cet ado solitaire ou de cette fille mal dans sa peau, tache vouée à l'échec à cause de leur regard inexpressif, de la rareté des dialogues ou des longs plans muets, qui contribuent à rendre les personnages tout à fait extérieur au spectateur. Relativement frustrant, puisque le scénario tout entier est basé sur lesdits personnage; d'autant plus que ce théâtre macabre d'hypocrisie, de brimades et de violence refoulée qu'est un lycée aurait pû donner lieu à un film pscyhologique fascinant, si seulement l'empathie entre spectateur et personnages avait été possible. Outre sa lenteur, un film assez peu prenant, donc, à cause d'un manque de psychologie. Elephant fait végéter le spectateur dans une sorte de leuteur abstraite jusqu'au rebondissement final dramatique, qui s'avère assez marquant. Mais là encore, le style lent et édulcoré de Gus Van Sant exploite une infime partie du potentiel dramatique des scènes finales (il aurait fallu un Paul Greengrass à la barre...). Enfin, le message que le réalisateur a voulu nous transmettre est aussi flou que la psychologie du personnage d'Alex: critique des lois sur les armes aux USA, OK, on l'aura compris. Mais ensuite? Le film aborde un autre thème, plus important selon moi, plus quotidien: l'exclusion. Et là-dessus, le film reste ambigü: le film est-il une incitation à plus de compassion evers les rebuts de la société? Ou à plus de méfiance envers ces êtres bizarres capables de tout? Le spectateur lambda peut penser l'un aussi bien que l'autre. Un film beaucoup trop court (1h15, sans blague!) qui finalement laisse le spectateur sur sa faim et semble (très) largement inachevé.