Le film d'Hector Babenco, est une adaptation du best-seller de Drauzio Varella, "Carandiru Station". Publié en 1999, le livre est resté 168 semaines sur les listes des best-sellers au Brésil, s'est vendu à plus de 350.000 exemplaires et figure parmi l'un des plus gros succès de toute l'histoire de la littérature brésilienne. Hector Babenco a découvert le livre sur épreuve, avant même sa parution. Trois ans après sa publication, il décide d'en faire son huitième film.
La genèse du livre remonte à 1989, quand Drauzio Varella a entamé son programme bénévole de prévention du sida en prison. Dix ans plus tard, il a voulu témoigner de ce qu'il a vu, simplement, avec le désir d'individualiser les expériences et le vécu humain dans un environnement où l'individualité ne compte pas, et celui de raconter de ce qu'il a appris des prisonniers.
La parole au romancier Drauzio Varella :"Lorsque je suis arrivé à Carandiru" se souvient-il, "je pensais pouvoir écrire un article sur le crime pour un journal. J'en ai écrit trois ou quatre, mais ça ne me satisfaisait pas parce que je désirais décrire l'atmosphère de la prison dans son ensemble. Et comment y parvenir sans dépeindre chacun des pavillons, avec sa vie propre ? Et puis, certains termes dont j'avais besoin dans mon article n'évoquaient rien pour le grand public, qui ignore tout de la vie au sein de la prison. J'ai alors conçu mes descriptions comme faisant partie d'une série de nouvelles."
Le romancier se défend néanmoins de toute complaisance et voyeurisme :"Je n'ai jamais eu pour but de dénoncer le massacre. La mort de 111 prisonniers est une chose terrible, mais pendant les treize ans où j'ai travaillé à Carandiru, bien plus de gens sont morts de maladie ou ont été tués. J'ai décidé de dire ce qui s'est passé parce que j'étais à la prison ce jour-là et que je ne me serais pas pardonné mon silence."
Quatre des huit films qu'a réalisé Babenco se déroulent en prison. Lucio Flavio parle d'un criminel tué en prison, Pixote décrit les garçons d'un établissement correctionnel pour jeunes, Le Baiser de la femme-araignée montre deux prisonniers essayant de se comprendre l'un l'autre. Pour autant, Carandiru n'est pas la dernière partie d'une tétralogie. Hector Babenco voulait rendre hommage au médecin qui l'a suivi personnellement pendant plus de dix ans, alors qu'il était gravement malade.
Walter Carvalho, le directeur de la photographie, explique: " [...]la nuit, à Carandiru, les lumières se mélangent. Les détenus considèrent les cellules comme leur maison, ils en prennent soin jusqu'aux plus petits détails. Ils ont tiré des câbles dans les couloirs pour installer d'autres types de lampes. Une richesse chromatique chaotique résulte de tout cela."
La prison de Sao Paulo, connue sous le nom de Carandiru, a été inaugurée en 1956 par le maire de l'époque, Jânio Quadros. Quarante-six ans plus tard, le 8 décembre 2002, le Gouverneur Geraldo Alckmin commanda personnellement l'implosion de trois pavillons. Huit secondes seulement furent nécessaires pour transformer les murs, les cellules communes et les quartiers d'isolement des détenus en poussière. Présente sur les lieux, l'équipe de Babenco a utilisé huit caméras pour filmer l'explosion. Un complexe culturel et de détente doit être construit à la place, appelé "Parque da Juventude", "le parc de la jeunesse".