Ce n'est sans doute pas la comédie romantique que je préfère de Wilder, Ariane ou bien Kiss Me, Stupid auront sans doute toujours ma préférence. Je l'ai trouvé moins inventif, que le duo (trio ?) fonctionnait moins bien, que les situations étaient moins cocasses, que c'était un peu moins touchant, etc.
J'ai l'impression d'avoir vu dans ce film une sorte de brouillon de ce que sera plus tard Ariane, on y retrouve Hepburn vivant avec son père désapprobateur, qui se transforme et qui parvient à attirer l'homme aimé, etc. Mais il ne faudrait pas voir Sabrina comme un film qui ne doit être vu qu'en comparaison avec son petit frère, ça reste un film bien assez plaisant pour qu'on puisse prendre du plaisir à le voir (c'est Wilder après tout).
J'aime beaucoup le personnage de Bogart, cet homme dont les intentions ne sont pas réellement claires, veut-il voler la femme de son frère ? veut-il protéger ses intérêts ? veut-il aider son frère ? Certes l'issue est courue d'avance, mais j'aime bien ce genre de personnage un peu ambigüe, qui ne sait pas qu'il est amoureux et qui se rend compte de l'évidence alors que tout le monde l'avait remarqué depuis le début.
On a quelques situations assez amusantes, notamment tous les clichés absolument grotesques sur la France et qui sont tellement assumés qu'ils en deviennent drôles, comme l'école de cuisine française, devant la Tour Eiffel, avec le chef qui parle avec un accent français absolument dégueulasse.
Mais j'ai trouvé que le duo Hepburn Bogart ne fonctionnait pas si bien et que finalement le moment où l'on sent le plus leur relation c'est lorsque le frère vient raconter à Bogart un baiser qu'Hepburn lui a accordé, le fait de ne pas le voir, d'entendre juste sa description permet de se rendre compte des sentiments d'Hepburn.
Et il fonctionne d'autant moins que l'on a une ou deux scènes où l'on voit Hepburn réellement amoureuse du frère, notamment une scène où son père lui dit qu'elle est toujours une fille de chauffeur qui essaye d'attraper la Lune et où elle s'assied dans une chaise à bascule, l'air pensive en disant que cette fois c'est la Lune qui la veut. Tout est dit. La chenille s'est transformée en papillon en allant vivre à Paris et sait maintenant attirer les hommes pour les faire siens.
Après je chipote parce que je m'attendais à mieux, mais j'ai vraiment passé un bon moment malgré tout.