L'histoire d'un manchot qui avait compris qu'il lui restait les pieds pour s'exprimer à défaut de la voix afin de se donner du baume au cour et se réchauffer.
Le réalisateur qui a « fait » le premier « Mad Max » ne peut pas être réellement mauvais, malgré les deux autres opus, malgré les « Sorcières d'Eastwick », malgré le gentillet et original mais simplet « Babe »
C'est un bon exemple qu'il ne faut jamais désespérer de la nature humaine.
Le premier « Mad Max » était la synthèse du pire cauchemar que l'humanité était capable d'engendrer, tout en jouant sur le côté jouissif de penser à être du mauvais côté. Et surtout du plaisir d'avoir fait ce choix. Contrairement aux films américains, on trouvait enfin des méchants construits, et on leur donnait autant d'importance qu'au malheureux héros.
Ici, Miller recherche un nouveau message aussi sinistre et réaliste mais il s'adresse aux enfants. Il a sans doute réfléchit au fait qu'il est plus facile de changer le monde en travaillant sur la conscience juvénile que sur les vieux cons friqués ou désabusés, ou les jeunes trentenaires trop pris par leurs crédits et leurs femmes déjà « grosses ».
Depuis le temps que je dis qu'il faudra bien un jour limiter les naissances à défaut d'acheter une seconde terre en solde, que l'amour n'a pas besoin d'enfants pour rendre des couples heureux, et que ce sont les pressions religieuses et sociales qui conditionnent le comportement de 80% des couples actuels, pas du tout la recherche du sens ou du bonheur. Voici enfin un film qui montre que l'on peut être un héros et heureux en prenant du recul et de la hauteur face au consensus foireux qui domine les riches et les pauvres depuis 50 ans.
Un peu comme l'hésitant « Little Nemo », on retrouve le thème de la violence animale qui vaut largement l'humaine.
Le message est accessible pour toutes les classes d'âge et explicité simplement « par l'exemple », s'il est vrai que la première demi-heure est prétexte à montrer le niveau technique atteint par la production, le reste du film devient plus rapide, intéressant, drôle puis simplement prenant.
Voici le premier divertissement ouvertement laïc, écologiste, mais dans le vrai sens du terme, pas pour mettre des arbres roses ou des crèches dans les villes, plutôt pour restreindre l'espace vital de l'homme. Et tout simplement sa place, sur une planète qu'il ne respecte plus et qu'il abîme d'une manière déjà irrémédiable, alors qu'il tient soi-disant à l'avenir de ses enfants.
Entre « Saw 3 » et son exigence de morale personnelle extrême, l'espoir de la fin de la race humaine dans « les fils de l'homme » et le discernement sans faux semblants de « Happy Feet » sur l'avenir de la race humaine, on nage cette année en pleine désillusion et désenchantement de 7 à plus de 18 ans. Cela prouve au moins que quelques visionnaires ont les épaules et le public assez larges pour changer le monde et lui donner sa dernière chance. Sinon, il ne restera plus qu'à mâter le DVD « Le jour d'après » afin de se souvenir qu'on pouvait encore sauver une sorte de civilisation. J'ai toujours considéré que le cinéma et l'art en général ne devaient jamais se mêler de politique. Les nouveaux films se mêlent de notre futur, et c'est tant mieux.
En dehors de cet avènement d'une pensée différente, c'est une assez bonne réussite au niveau divertissement, puisque les enfants n'en sortiront pas tristes, seuls les adultes savent ce qu'est une utopie !
Pour ceux qui s'imaginent voir des êtres humains en images de synthèse réussis, ils ne seront pas déçus, le réalisateur a simplement pris le problème intelligemment, ce sont des prises de vues réelles mélangées et trafiquées, un presque sans faute de réalisme.
A part le choix des chansons, le principal reproche à faire à cette réalisation est l'incessant travail de travelling circulaire de la plupart des scènes chantées. Le deuxième est le look très quelconque sinon laid des manchots. Heureusement que les scènes craquantes avec les bébés et les pingouins relèvent le niveau.
Au niveau technique, le mélange image réaliste (la banquise ?) éléments 3D est parfait, sauf quelques chorégraphies un peu détachées de la glace, l'animation plutôt sympa, les jeux graphiques bien amenés. L'humour fait oublier les quelques lenteurs, les situations caricaturales sont inévitables mais le scénario les justifie correctement. Enfin, certaines scènes sont parfaites, à la fois enfantines et dramatiques, l'ouvre d'un vrai cinéaste touche à tout, pas seulement un réalisateur de films numériques comme Lasseter.
Un film que j'attendais depuis 15 ans !