Je n'attendais franchement pas grand-chose de cette adaptation d'Iznogoud, BD certes culte mais que je ne lisais pas enfant. La présence du faiblard Patrick Braoudé sur le siège de réalisateur et de l'hystérique Michaël Youn (dont les prestations sur grand écran n'ont pas vraiment été jusque-là des morceaux d'anthologie) ne m'inspirait pas davantage confiance. Au final, "Iznogoud" est une petite comédie pas forcément raté mais franchement imparfaite... surtout après l'exceptionnel "Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre" que nous a offert Alain Chabat. Sans aller jusqu'à comparer les 2 films, il faut reconnaître que cet "Iznogoud" fait, au mieux, parent pauvre, et, au pire, successeur fainéant. La mise en scène, pour commencer, est particulièrement foutraque (baisses de rythme, répétitions à foison, morceaux chantés beaucoup trop nombreux, maladresses comme le "Ta gueule !" balancé par Iznogoud, impensable dans les BD...) et manque d'une introduction digne de ce nom qui expliquerait l'accession d'Iznogoud au poste de vizir et son aversion pour son calife. Malgré une reconstitution assez fidèle de l'univers de la BD, il semblerait que le cahier des charges du film ait davantage été inspiré par M6 qui semble avoir imposé, outre l'ex-animateur du Morning Live pour le rôle-titre, son chroniqueur Magloire (amusant mais prévisible) et des chansons en pagailles (chansons, qui plus est, ratées, ce qui est une première pour Michael Youn). Pas étonnant dès lors de constater que le film est formaté pour le petit écran avec des gags plus gentillets qu'amusants (le principe de l'eau courante, le running gag du "sinon, je te fais empaler", le duo de génies...) et des caméos sympatoches (en vrac Elie Semoun, Laurent Baffie, Pascal Sellem, Ariel Wizman, Raphaël Mezrahi, les membres des Conards...). La plupart des gags sont malheureusement assénés avec une effarante lourdeur (la fausse mort du calife, le rêve avec la grenouille...) et sombrent dans une redite lassante (les multiples tentatives ratées d'Iznogoud ou ses "je veux être calife à la place du calife", qui sont pourtant le moteur principal de la BD, n'arrivent pas à susciter l'enthousiasme ici). Enfin, le casting ne marquera pas forcément les esprits malgré la présence d'acteurs de talent. Autour d'un Michael Youn qui campe son premier vrai personnage de cinéma mais qui sombre dans le cabotinage (on ne compte plus ses coups de colère alors qu'une interprétation plus subtil à la De Funès aurait été plus adéquate), on retrouve Jacques Villeret qui cachetonne gentiment en calife Haroun El Poussah plus neuneu que gentil, la belle Elsa Pataki en princesse-fantasme, Arno Chevrier en serviteur, Kad et Olivier en génies colorés, Franck Dubosc en Chambellan, Rufus en conseiller, Bernard Farcy en chef de clan barbare ou encore l'amusante Juliette Poissonnier. "Iznogoud" est donc un film calibré pour les gamins bien inoffensif qui s'oublient aussi vite qu'il se regarde.