C'est une belle période que vivait Marlène Jobert: après avoir tourné "Le secret" d'Enrico, dans lequel elle donnait la réplique à, excusez du peu, Jean-Louis Trintignant et Philippe Noiret, voilà qu'elle bossait avec Boisset. Ce dernier, quant à lui, était un peu dans une phase de transition. Lui qui avait déjà derrière lui "R.A.S" ou "L'Attentat" et allait bientôt réaliser le surpuissant "Dupont Lajoie", s'offrait un peu de répit avec un polar, avec un cinéma un peu moins contestataire, donc plus conventionnel. Oh, Boisset n'a pas du être spécialement intéressé par le truc et même si sa mise en scène est un peu relâchée, il fait le boulot avec sérieux. Ce qu'il y a de bien avec ce "Folle à tuer", c'est qu'il n'épargne personne. Surtout son personnage principal. Dés lors que la demoiselle est sortie de chez les agités (comme le dit le chauffeur), là voilà plongée, sans entracte, dans le vif du sujet. Dans un univers où tout pour représenter un danger pour elle. D'ailleurs, le dit chauffeur, campé par Victor Lanoux (qui n'est jamais aussi bon que lorsqu'il tient ce genre de rôle) est de suite perçu comme une menace. Dés les premiers mots qu'il prononce. La suite ne fera que donner davantage de crédit à cette première impression. Tout le long du film, elle est malmenée. Boisset se moque pas mal de sa fragilité. Ne fait preuve d'aucune complaisance. Et la jette dans un survival campagnard. L'histoire, elle, présente quand même des défauts. On pourra lui reprocher un retard à l'allumage. J'avoue avoir craint le pire avant que Marlène Jobert ne prenne ses fonctions. On pourra lui reprocher une fantaisie végétale et animalière si je puis dire, en effet j'ai du mal à croire qu'un môme puisse avoir, à l'endroit où il crèche, une sorte de mini jungle avec des perroquets et des singes. Mais bon, pour le coup, j'ai pas envie de cogner comme un sourd là-dessus car, comme tout un chacun le sait, une jungle est hostile, et l'univers dans lequel évolue la gouvernante l'est aussi. Ainsi, il n'y a pas de décalage. On pourra reprocher, éventuellement quelques facilités. Je dis bien éventuellement car 99% des films ont recours aux facilités. Et l'on pourra reprocher également une intrigue qui livre son verdict trop tôt. Mais bon, rien de bien méchant, rien de quoi dézinguer ce film. D'ailleurs, nous les spectateurs, on apprécierait beaucoup d'en voir plus souvent des comme ça.