La Mauvaise Education, 2004, de Pedro Almodovar, avec Gael Garcia Bernal (Angel-Juan et un travesti), Fele Martinez et Daniel Gimenez Cacho. Film passionnant qui s’appuie sur l’histoire de deux gamins éduqués chez les Pères à l’époque du franquisme (Eglise toute puissante) et qui se retrouvent (en apparence seulement, puisque Angel n’est pas Ignacio mais son frère Juan !) à l’âge adulte, au début des années 80, en pleine « movida » madrilène, où l’ivresse de la liberté balaye tous les tabous. Il y est question de pédophilie chez les curés, d’homosexualité (plutôt dans le sordide), de transsexuels, de drogue, d’amour, de « star » de cabarets, de la « maman » qu’on aime et respecte, et finalement, de meurtre. C’est donc un film assez compliqué, un thriller (c’est noir), une comédie (humour), un drame, avec des acteurs formidables. Le personnage principal est un champion de la manipulation, qui anime une histoire aux enchevêtrements diaboliques, toujours troublants et émouvants. Almodovar précise qu’il ne s’agit pas d’un film autobiographique, bien qu’il ait vécu les mêmes époques et dans les mêmes lieux ! Au fond, l’histoire simplifiée, celle d’un enfant abusé devenu transsexuel, drogué et assassiné par son propre frère (le héro du film) complice du curé défroqué, aurait pu donner lieu à un récit minable, sans l’immense talent du cinéaste, qui travaille son sujet en orfèvre.