Les gens assez bêtes pour aller voir un Moore comme on vient voir le dernier Depardon et se permettre de critiquer mièvrement le manque d'objectivité, et pire, la manipulation lacrymale de ce dernier, montrent simplement leur... bêtise. Godard le premier.
Moore est devenu un système, très simpliste, qui s'adresse au plus grand nombre avec des moyens qui arrivent à le toucher, n'en déplaisent à des auteurs portés aux nues qui n'ont jamais réussi à déplacer plus de 1000 personnes avec un simple film de fiction à "message".
Et encore moins à changer le cours du monde, alors que Moore, dans un ou deux docus à réussi, grâce à son charisme et à son culot, à pousser certains dans leurs retranchements jusqu'à un résultat, cf. "Bowling for Columbine".
Bref, les pisses-froids, passez votre chemin, ceci est un film pour américains à l'américaine, et rien que pour cela, c'est très instructif.
Il faut noter une qualité d'image qui contraste avec les Moore habituels, ils ont trouvé un système de conformation qui donne une propreté rare aux images télé d'archive.
On apprend des choses (surtout l'insondable imbécillité et inculture des américains, difficile à imaginer en Europe), on s'amuse beaucoup, même si c'est de l'humour noir, c'est presque idéal.
Hélas, c'est le manque d'humour et de rythme aux trois quarts du film qui le casse un peu, car il contraste avec l'entrain et l'excellente scénarisation de l'ensemble.
Il faut noter la belle envolée lyrique de la fin, qui laisse un goût amer et résume bien le fil de l'histoire vraie débarrassée de ses oripeaux de comédie.
Et c'est tant mieux.
Un très bon documentaire (après tout, à part la voix off, rien n'est fiction), qui risque de changer une société américaine incroyablement repliée sur elle-même, et qui, en ce sens, mérite son titre de film césarisé, puisque le scénario est en train de s'écrire... dans la vraie vie !