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Flotibo
52 abonnés
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2,5
Publiée le 16 avril 2008
Pour ce dernier volet, le réalisateur s'essaie à un genre plus léger, emprunt à la fois de comédie et de drame. Très moralisateur, il est loin d'être le meilleur, dommage la saga aurait mérité une bien meilleure fin.
Je vais être relativement rapide sur ce dernier opus, je l'ai trouvé assez moyen. Pas mal de choses se laissent voir. Kieslowski hésite sur le film qu'il veut faire, sur la collection, sur son commandement, sur un drame familial. Un décalogue qui se termine par un des moins bons films je trouve.
Mais maintenant, je voudrais recontextualiser un peu ce projet fou. Si tous les opus ne sont pas égaux, il en ressort une œuvre riche et forte. N'oublions pas que nous sommes sous une Pologne en 1989, date où l'URSS existe encore. Les films du réalisateur en sont d'autant plus forts et durs quand on connait un peu la situation. Au final, le décalogue est une œuvre particulièrement sobre et épurée. Kieslowski n'en fait jamais trop, il ne cherche pas à complaire son spectateur, il propose simplement dix histoires plus ou moins inspirées par un commandement de la Bible. Mais c'est surtout des personnages perdus et seuls que Kielsowski filme, et c'est souvent lorsqu'il les confronte à des interrogations morales difficiles que ses films sont passionnants. Beaucoup de ses chef op ont fait un très bon travail et l'ambiance visuelle du film contribue parfaitement au propos du réalisateur. Enfin, n'oublions pas la musique de Preisner qui complète cette œuvre, certes inégale, mais intéressante.
Il s'agit certainement d'une simple impression de ma part, mais cette impression est que dans cet épisode, le spectateur se sent davantage impliqué dans le film, comme s'il se projetait véritablement dans l'histoire, dans la peau des deux frères. Les deux frères, Jerzy et Artur, sont deux naïfs : à la mort de leur père, ils héritent du seul bien de celui-ci, une immense collection de timbres (évoquée dans l'épisode huit), dont ils ne se doutent pas une seconde de la valeur (avec l'un de ces timbres, ils peuvent s'acheter une voiture de luxe). Ils ne tardent pas à avoir la folie des grandeurs, et eux-même, sans avoir eu la vocation, sont atteints de la fièvre du collectionneur. On avait déjà remarqué que les idées de Kieslowski pouvaient être tordues, mais là il fait fort : "tu ne convoiteras pas les biens d'autrui", il imagine le don d'un rein pour pouvoir acheter un timbre en vue de compléter une série unique ! On s'y attendait : les frères ne tardent pas à être cambriolés, et on perçoit tout le tragique de leur situation, le ridicule aussi. On connaît même les voleurs : un vaste complot du voisinage, et l'on pense aux paranoïas développées dans ce genre de situation. Mais ce ne sont pas les voleurs qui nous intéressent, mais les deux frères qui en viennent à s'accuser réciproquement du vol. Tout ce qu'il y a de plus terrible dans cette situation, c'est que la mort de leur père les a réunis, et l'appât du gain les sépare alors que c'est pour cela qu'ils avaient rompu tout lien avec leur père. C'est très certainement la vision la plus négative et la plus caustique que Kieslowski ait eu sur les relations et les déchirements au sein même d'une famille, à cause des événements les plus grotesques et du caractère pitoyable des individus.
Dixième et donc dernier épisode qui marque une rupture de ton assez importante avec les neuf autres moyens-métrages puisque si jusqu'ici les histoires étaient dramatiques ou tout du moins sobres, "Tu ne convoiteras pas les biens d'autrui" vire carrément dans la tragi-comédie. Il suffit de voir comment les deux personnages tombent exactement dans le même comportement et le même travers (à savoir la philathélie!!!) que leur père décédé (le personnage qui a fait deux courtes apparitions dans l'épisode 8!!!) et qu'au début ils ne cessaient de lui reprocher. L'épisode final est certainement le plus ironique et acerbe des dix.
Une analyse magistrale de la psychologie et des comportements humains à travers la philatélie. Passion du collectionneur, appât du gain, cupidité, confiance aveugle, méfiance réciproque, égoïsme,... Tels sont les différentes thématiques proposées dans ce film remarquable, à voir et à revoir, sans modération !