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Flotibo
52 abonnés
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2,5
Publiée le 10 avril 2008
Une bonne idée de départ mais mal exploité par le réalisateur. A la fin de cet épisode, on ne sait même pas trop le rapport avec le mensonge censé être le thème de ce film. Dommage ...
Le film est presque une sorte de conclusion finale à l'ensemble. Il reste pourtant deux films. Mais bon, les deux derniers étant de qualité assez moyenne - je trouve -, ce huitième opus sonne vraiment comme la conclusion de l'ensemble. Le film n'est pas ébouriffant non plus pour autant. Le début est assez bon, on prend un vrai plaisir à voir comment Kieslowski fait de ses opus une unité commune. D'ailleurs, certains auront pu remarquer que différents personnages vus dans un chapitre réapparaissent comme figurant dans un autre (j'admets ne pas l'avoir vu moi, mais l'avoir lu. Cela confirme donc que Kieslowski n'envisage pas chaque chapitre comme un tout, mais son décalogue comme une unité entière). Le film a un peu un ventre mou - comme pas mal de chapitres d'ailleurs - mais la fin est absolument bouleversante. Ca m'a fait un peu penser à l'ultime plan de La dernière piste de Reichardt - très bon film au demeurant - au niveau du dernier plan. Y a une mise en scène incroyable qui est vraiment la marque de fabrique de Kieslowski sur comment filmer la solitude humaine. Je le redis une nouvelle fois, mais avec la fin de ce décalogue 9, on voit à quel point il parvient à filmer cette détresse humaine de façon abrupte et bouleversante. C'est assez incroyable cette façon de faire passer ça grâce à une caméra bien placée. Dommage que tout le reste ne suive pas.
La rencontre, des dizaines d'années plus tard, entre la petite juive qui avait 6 ans en 1943 et la vieille femme professeur d'éthique qui a alors refusé d'être sa marraine pour le baptême chrétien est complètement invraisemblable. Mais passons sur ce détail qui ne mérite pas beaucoup d'être analysé, nous restons de toute façon au Cinéma (considérons que c'est effectivement un film) et donc dans le domaine de l'invraisemblance. Non, le sujet de Kieslowski se concentre sur la culpabilité de la vieille femme, qui s'entend pourtant à merveille avec celle qui devait être sa protégée, venue en Pologne pour la rencontrer à nouveau, après une première entrevue aux États-Unis. Finalement, Kieslowski montre des personnages confrontés à des souvenirs douloureux, mais conscients que rien ne peut être changé, et qu'il est inutile de revenir sur le passé. Par ailleurs, il se sert davantage d'outils cinématographiques pour raconter son histoire : des images de flash-back au début, un tableau posé de travers que l'on remet systématiquement mais en vain etc. Et enfin, il construit un épisode en échos aux autres, notamment en reprenant l'histoire du deuxième volet, à la thématique proche (parjure et mensonge), mais aussi une allusion à la concentration d'événements qui peuvent arriver dans un bloc d'immeubles. En effet, Le Décalogue se déroule dans un quartier populaire de Varsovie, concentrant tout ce qui peut caractériser les ambiguïtés de la vie, comme nous le montre Kieslowski.
Le titre de l'épisode sert admirablement l'ambiguïté de ce dernier car il donnerait à penser que le personnage du professeur mentirait quand à ses véritables motivations qu'il l'aurait poussé à commettre une action peu reluisante pendant la Guerre. Ambiguïté qui est encore rendue plus grande par l'apparence rassurante et honorable du personnage. On notera au passage une forte référence lors de la scène du cours à l'histoire du second épisode et l'apparition du collectionneur de timbres qui aura une place très importante dans le dixième et dernier épisode.
Démystification de la bravoure humaine, confrontation entre deux femmes meurtries, l'une par la guerre, l'autre par un sentiment de profonde culpabilité. Les thèmes de Kieslowski sont très forts et originaux. Du grand art, tout simplement.