Robocop 2 est sans doute celui que j’ai vu le plus de fois, et pourtant je me rends compte que je n’avais toujours pas posté sa critique. Ce film est une suite assez malaimée, car c’est vrai qu’il est inférieur au premier épisode. Pourtant, il a un côté séduisant, par son côté jusqu’au-boutiste, semblant repousser dans les limites du grotesque la recette originelle.
Je pense que Kershner a en fait assez bien retenu les éléments qui composés le premier film, et sa doctrine ici c’est toujours plus gros, toujours plus énorme. Ça peut rebuter c’est sûr, car on est presque dans la caricature, mais le résultat reste tout de même bien efficace.
L’histoire ne surprendra pas énormément. Détroit est dans une situation bordélique, sous la menace de l’OCP, Robocop a à faire aux pires dealers de la ville, et il doit conjuguer son combat avec ses états d’âme de robot pas tout à fait robot. Le film n’est pas foncièrement original, mais il y a des idées singulières. Par exemple celle de faire d’un enfant un vrai méchant. Cela convainc moyennement au début, d’autant que l’acteur est un peu en surjeu, mais c’est une idée singulière, et sans trop en dire, son sort est rare au cinéma. De la même manière le film essaye de donner un peu de profondeur humaine à Robocop, et il y a toujours cet humour incisif du premier, notamment dans les fameuses pubs. Ici il faut s’attendre à ce tout soit plus gros (la bande de gamin braqueurs !), mais grâce à un rythme percutant, une bonne dose de dérision, et des effets sanglants sympas, le spectacle est là.
Sur la forme justement, Robocop 2 est bon, même si on perd de l’ambiance sombre et crépusculaire du premier film. Les scènes d’action sont nombreuses et bien faites et les séquences sanglantes sont au rendez-vous, à la fois excessives et parfois dignes d’un Re-animator dans le côté « humour noir », comme dans la scène de transformation du méchant. Les effets spéciaux ont un peu vieilli, mais Robocop a de l’allure, et le robot antagoniste reste bien fait, hormis cet écran un peu dégueux montrant le visage du méchant. Kershner mène honorablement la danse, et si on est assez loin de la force d’impact de la mise en scène de Verhoeven, en bon artisan le réalisateur parvient tout de même à créer une série B roublarde, vive, et dans l’esprit du premier film.
Le casting reprend les deux acteurs principaux du 1 : Peter Weller, continuellement sous le costume de Robocop, et Nancy Allen, assez discrète ici. Le métrage offre comme principal antagoniste Tom Noonan, lequel campe Cain, le baron de la drogue sans foi ni loi. Charismatique, pour autant il est un peu en-dessous de celui du premier film. Heureusement il y a une très longue galerie de méchant, allant du simple maire sans foi ni loi mais pas trop mauvais, au patron de l’OCP près à toutes les vilenies pour s’enrichir, et campé par l’excellent Dan O’Herlihy. Et on saluera le choix, étrange mais finalement bien vu (Robocop ne pouvant faire de mal à un enfant) de Gabriel Damon, jeune bandit de 14 ans qui tout en surjouant de trop son rôle, est aussi détestable que ses comparses.
Pour ma part, ce Robocop 2 est une suite moins convaincante, mais tout de même d’un bon niveau. Spectaculaire, c’est avant tout un solide divertissement. Sur le fond, c’est le premier film mais dans un excès qui pourra, chez certains, frôler l’indigestion. Pour ma part j’ai trouvé le choix malin. Robocop est un univers de la décadence, et on peut difficilement faire plus décadent que les protagonistes de ce film. 3.5